Même s'il clame son désir de déranger les bourgeois avec ses pièces qui traitent de combustion humaine spontanée (CHS, présentée à Avignon) ou encore en mettant en scène le trash du trash (Vue d'ici), Christian Lapointe est un aimable pamphlétaire.

Croisé tout juste avant son départ d'Avignon dans les quartiers généraux du festival, au Cloître St-Louis - «je n'en peux plus de la chaleur ici, je prends le train vers Charles-de-Gaulle d'où je prendrai un avion pour je ne sais pas où encore» - le jeune homme de théâtre de Québec était manifestement aux anges, après son «trip avignonnais».«C'est quand même quelque chose, d'être invité à présenter dans le «in» Avignon, une pièce faite avec des bouts de carton, qui a coûté 800 $. Au Québec, encore aucune institution ne m'a invité à monter un show», lâche l'artiste de 30 ans, qui défend pourtant jalousement son besoin de liberté créatrice. «Il ne faut quand même pas toujours faire des commandes», relativise-t-il.

Après avoir joué CHS cinq fois pendant le festival d'Avignon dans la Chapelle des pénitents blancs - «jouer dans un lieu sacré donnait un autre relief au texte», Christian Lapointe était ravi de la réaction du public. «Les Français réagissaient plus que les Québécois à l'humour caustique de mon texte». Il a même reçu des éloges de nulle autre que la ministre Christine Saint-Pierre qui, raconte-t-il, a été «soufflée par le spectacle».

L'engouement avignonnais pour des propositions engagées comme CHS ou encore L'orgie de la tolérance, selon lui, témoigne d'un souffle plus politique qui gagne le théâtre contemporain. «Il y a une nouvelle génération pour qui il faut faire du théâtre. Les jeunes ont la musique «plein à terre», alors on monte le volume!».

Faire Avignon, quand on a 30 ans et qu'on est encore peu connu chez soi, quossa donne? «Déjà, ça donne de le faire! Ce n'est pas un showcase ici. De toutes les façons, je n'ai jamais été très business, je n'ai jamais fait de lobbying dans ma vie. Les choses se sont faites naturellement. Je pense que c'est pour ça que je suis ici».