«Qu'est-ce qui fait qu'on a envie de danser sur une chanson et qu'on s'en souvient?» Au téléphone, en direct du studio torontois où elle répète sa nouvelle création, Relay, la jeune chorégraphe Ame Henderson se pose cette question, qui a servi de base à l'édification de sa précédente pièce /Dance/Songs/, qu'elle vient présenter à Montréal dans le cadre du FTA dès aujourd'hui.

Montréal, Ame Henderson connaît. Originaire de Vancouver, elle a étudié au département de danse de l'Université Concordia avant de s'établir à Toronto, où elle a créé sa compagnie, Public Recordings, en 2002. Elle est également la codirectrice de Hub 14, un espace de recherche chorégraphique torontois.

 

Depuis 2002, cette créatrice prolifique a aligné les créations - Blue* *Disco (2002), Memories and Statements (2004), Manual for Incidence (2005), The Instruction Project et /Dance/Songs/ (2006) - présentées partout au Canada ainsi qu'aux Pays-Bas, en Croatie et en Italie. En septembre 2007 elle a présenté, lors de la Nuit blanche de Toronto, une installation pour 50 personnes, Open Field Study (all together now) tout en participant au projet Clash de Lynda Gaudreau à Montréal pendant la saison 2006-2007.

La voici qui revient à Montréal par la grande porte: «C'est vraiment un honneur d'être au programme du FTA, qui me donne l'occasion de revenir dans cette ville que j'adore et dans laquelle j'ai vécu les années déterminantes de ma jeunesse et de ma formation. J'ai beaucoup d'amis qui y travaillent et je sais combien il est important de se faire reconnaître à Montréal comme chorégraphe.»

Alors/Dance/Songs/, qu'est-ce que c'est? Sur scène, trois micros pour trois interprètes, deux hommes (Chad Dembski et Matija Ferlin) et une femme (Claudia Fancello) que des images projetées en fond de scène montrent en train de traverser les coulisses avant de déboucher sur la scène, comme avant un concert rock.

Les trois vont «jouer de la musique avec leur corps», traduire en mouvements toute la démesure habituellement associée à ce type de situation. On va reconnaître les airs, des «Dance Songs» sur lesquelles on a peut-être déjà dansé, mais le tout n'évoluera pas comme on s'y attend. Le spectacle sera livré en autant de tableaux que de chansons et suivra la courbe énergétique classique d'un concert rock. En crescendo, donc, vers une apothéose? Pas sûr, justement.

En fait, Ame Henderson propose dans /Dance/Songs/une relecture singulière du concert rock. Elle explique: «J'ai cherché à comprendre l'énergie d'un concert rock et je me suis appropriée la structure dramatique de ce type d'événement de foule, mais sans forcément offrir ce qu'on en attend traditionnellement. La pièce est le résultat de la rencontre entre plusieurs créateurs, la danse, la musique (part importante qui échoit à Éric Craven), la vidéo (Daniel Arcé) et la dramaturgie (Jacob Zimmer) et nous présentons le terrain d'entente commun à nos visions.»

Quelle vision justement? «Une vision de la tristesse, dit Ame Henderson. Je me suis appliquée à montrer la fluctuation énergétique dans ce type de performance. L'énergie monte et descend, puis remonte.

«Entre chaque chanson, par exemple, on doit récupérer de l'énergie, en allant boire de l'eau ou en parlant avec le public. Je me suis réappropriée la structure dramatique d'un concert rock pour la porter plus loin, complètement différemment.» Assurément, il faut aller y voir, et se laisser surprendre.

/Dance/Songs/ d'Ame Henderson, jusqu'au 6 juin au Théâtre La Chapelle. Infos: 514-844-3822.