Très rigolote soirée passée dans la petite salle d'Espace GO, jeudi dernier. Déjà, en entrant dans la salle, il y avait un air de «soirée en famille» puisque les sièges avaient été remplacés par des petites chaises de sol, ce qui accentuait l'impression de se retrouver dans le salon de l'acteur Zachary Oberzan.

Le programme indique que Rambo Solo, du Nature Theatre of Oklahoma, a été conçu et mis en scène par Pavol Liska et Kelly Copper, «à partir d'une conversation avec Zachary Oberzan».

 

Dès les premiers instants où Oberzan se lance dans une narration détaillée (et mimée!) du récit de First Blood, on comprend pourquoi le tandem a été inspiré par l'acteur pour ce spectacle complètement déjanté.

Pendant deux heures, Zachary Oberzan entre dans le monde de Rambo alors que, derrière lui, trois écrans montrent trois versions de lui identiques (mais pas tout à fait) qui raconte la même chose, en faisant les mêmes gestes. Or, la version filmée de la pièce est située dans un appartement.

Même si l'on ne trouve aucun intérêt dans l'action débridée de First Blood, on se laisse facilement prendre au jeu d'Oberzan, qui excelle dans son rôle de gars ordinaire passionné de films d'action. Et quand il étire la sauce, après avoir terminé l'histoire, en parlant de son rêve de refaire un Rambo avec un seul acteur, comparant ce récit récupéré par la machine hollywoodienne à Hamlet, on entre dans un autre niveau. Celui du droit à l'imaginaire...Une vraie de vraie expérience inusitée, que nous a fait vivre le FTA, avec ce Rambo Solo carrément extraterrestre.

L'opéra du peuple

Décidément, le FTA donnait dans l'humour et le débridé, cette semaine. Vendredi soir, j'étais à la première de L'Opéra paysan, de la compagnie Béla Pintér, de Budapest. Entièrement chanté sur des airs folkloriques interprétés par des musiciens sur scène, cet «opéra» campagnard fait le récit des petits drames et déchirements des habitants d'un village hongrois.

La dizaine d'acteurs et de chanteurs de cet Opéra paysan passent par Brecht et Kusturica pour raconter l'histoire d'une famille en quête d'un bon parti pour marier sa fille. Les revirements seront multiples, invraisemblables et risibles, passant des liens incestueux aux secrets de famille impensables jusqu'aux clichés les plus burlesques...

Avec cet opéra, Béla Pintér aurait voulu refléter la société hongroise avec ses travers, ses mythes, ses dessous les moins montrables. L'Opéra paysan accomplit cette mission avec désinvolture, sur une musique qu'il fait bon entendre.

Rambo Solo, du Nature Theater of Oklahoma, était présenté jusqu'à samedi dans la salle intime d'Espace GO. L'Opéra paysan, de la compagnie Béla Pintér, dernière représentation aujourd'hui à 16h, à l'Espace GO.