Il a 14 ans, parle trois langues et incarne l'un des rôles principaux dans une comédie musicale présentée à l'Imperial Theater de New York. Pourtant, il y a quelques semaines, le nom du jeune David Alvarez - originaire de Montréal - était encore méconnu. Ce qui a changé depuis? Billy Elliot, spectacle dans lequel il partage la vedette avec deux autres jeunes acteurs, arrive en tête des nominations au Gala des prix Tony, grande fête du théâtre aux États-Unis.

Avec une telle feuille de route, le principal intéressé se sent-il comme un véritable petit prodige des arts de la scène? «Je ne sais pas...», laisse tomber d'un rire timide et hésitant l'une des nouvelles coqueluches de la comédie musicale, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse.

 

Né de parents cubains, David Alvarez ne semble pas encore réaliser tout ce qui lui arrive. L'adolescent - qui a fait ses premiers pas de danse à Montréal à l'âge de 7 ans - aurait pourtant toutes les raisons du monde de laisser le succès lui monter à la tête. La comédie musicale Billy Elliot, inspirée du film britannique du même nom, finaliste aux Oscars en 2000, se retrouve en nomination dans 15 catégories au gala des prix Tony, dont celle de la meilleure comédie musicale. Pour ce prix, Next to Normal, Rock of Ages et Shrek - The Musical sont également dans la course. Les noms des gagnants seront connus le 7 juin.

Fait inusité, les trois jeunes garçons qui se partagent le rôle-titre de Billy Elliot (David Alvarez, Trent Kowalik et Kiril Kulish) sont tous en compétition pour l'obtention du prix du meilleur acteur musical.

«Quand j'ai appris la nouvelle, je ne pouvais pas le croire», assure David Alvarez. Et avec raison. L'an dernier, il tentait de se démarquer aux côtés de 1500 candidats venus des quatre coins de l'Amérique du Nord pour décrocher le rôle. Aujourd'hui, Billy Elliot, un fils de mineur qui rêve de devenir danseur, c'est lui. Mais n'incarne pas ce personnage qui veut. Pour y parvenir, l'adolescent, qui a quitté Montréal avec sa famille à l'âge de 7 ans pour aller s'installer aux États-Unis, déploie de nombreux efforts. «Avant de passer l'audition, je ne connaissais rien, précise-t-il. Tout ce que je sais, je l'ai appris pour Billy Elliot.»

Danser la claquette, chanter, jouer comptent parmi les nombreux apprentissages qu'il a faits pendant six mois. Le plus difficile: parler anglais avec un accent britannique. Avant d'auditionner, il admet même qu'il ne maîtrisait pas parfaitement la langue de Shakespeare. Le jeune homme parle évidemment espagnol, anglais et possède encore quelques notions de français qu'il a parfois tendance à oublier, confie-t-il.

Ainsi, en ce moment, les journées du jeune danseur sont plus que chargées. À partir de 11h le matin jusqu'à 17h le soir, il répète et prend ensuite une trentaine de minutes pour manger. Le spectacle dans lequel il joue en alternance trois ou quatre fois par semaine commence à 20h et se termine vers 23h. En dehors de Billy Elliott, dont les représentations ont commencé en novembre, il tente également de trouver temps et concentration pour aller à l'école.

Lorsque le rideau de la comédie musicale tombera pour la dernière fois, David Alvarez veut se consacrer entièrement à la danse au American Ballet Theater de New York. Il confie également vouloir prendre du temps pour... dormir!

Et son plus grand rêve? «Je veux danser et jouer dans des films», répond-il sans donner plus de détails sur ses plans de carrière.

David Alvarez souhaite également voyager et se fait un plaisir de venir à Montréal quelques fois par année pour visiter sa soeur aînée qui y habite toujours. Ce qu'il préfère le plus de la métropole québécoise: La Ronde et la neige...