Le Théâtre d'Aujourd'hui propose à compter de demain soir une intrigante comédie existentialiste écrite par Anne-Marie Olivier à la demande du Groupe Ad Hoc. Ce collectif de Québec, fondé par Édith Paquet, Véronika Makdissi-Warren, Érika Gagnon et Hélène Florent, jette un regard à la fois lucide et ludique sur notre incapacité de communiquer... et sur la solitude qui en résulte. La solution: un psychomaton!

L'auteure et comédienne de Québec, Anne-Marie Olivier, parle d'une courtepointe chaotique de notre monde moderne. Il y est question d'individualisme, de vacuité spirituelle, de solitude, d'absence de compassion, etc. Pour faire face à cette crise humaine, les créateurs du Psychomaton ont imaginé une boîte évoquant le traditionnel photomaton mais où, au lieu de se faire prendre en photo, les malheureux peuvent se confier et même obtenir des conseils!

 

«Nous sommes en constante relation avec les machines, explique l'auteure. Pour ceux qui ont besoin d'aide, le psychologue électronique existe aussi sur l'internet. Mais en fin de compte, on se retrouve souvent tout seul face à nous-mêmes. Le psychomaton donne une petite pensée à chacun de ses visiteurs. Et chacun prend ce qu'il veut là-dedans. Parfois, ça aide, parfois, non.»

L'action se passe dans un dépanneur. Situé dans un quartier populaire de Québec (Saint-Rock, même si le lieu n'a pas vraiment d'importance) où défilent une foule de personnages errants qui vivent toutes sortes de problèmes. Des gens ordinaires avec des histoires souvent extraordinaires. L'employée du dépanneur, Josée, interprétée par Hélène Florent, ressent le besoin de parler de ses clients et crée, avec un ami patenteux, cette cabine aux allures de confessional.

«Le psychomaton régurgite un précieux conseil, une pensée, un peu comme un biscuit chinois, explique Hélène Florent. Parfois, c'est futile, mais parfois, ça marche... Mon personnage a vraiment l'impression d'aider les gens, mais il y a un fond triste parce qu'à la fin de la journée, ils se retrouvent seuls.» À l'exception de Josée, tous les acteurs interprètent donc plusieurs personnages. Les monologues se succèdent sous forme de saynètes en même temps que la machine salvatrice se construit.

L'idée de camper l'action dans un dépanneur vient d'Anne-Marie Olivier, qui s'est inspirée d'un commis de dépanneur particulièrement enthousiaste auprès de ses clients, animés d'un besoin de parler et probablement à la recherche d'un contact humain. «Je puise beaucoup dans la réalité pour écrire, explique l'auteure-comédienne (qu'on a pu voir dans Forêt, de Wajdi Mouawad et Les trois soeurs, de Tchekov). J'observe beaucoup, je suis une sorte de petit vampire!»

L'amour universel

Hélène Florent, qui présentait il y a quelques semaines la pièce C'est presque tout vrai avec Danny Gilmore (à l'espace Geordie), est le fil conducteur de cette fable existentialiste. «Josée est convaincue de faire partie d'une grande chaîne d'amour. Elle dit qu'elle abandonne l'amour personnel pour se consacrer à l'amour universel! Elle a une grande sensibilité, elle voit les gens passer, elle veut rendre le monde meilleur», précise la comédienne. Paradoxalement, la solution de notre personnage philanthrope passe par la technologie, détour intéressant mais qui pose vite les limites de cet outil d'écoute.

Le psychomaton est seulement le deuxième projet du Groupe Ad hoc, né à la suite d'une lecture publique d'un texte de François Archambault, Les gagnants. Pour entreprendre ce nouveau projet, les comédiennes d'Ad Hoc avaient envie de travailler avec Anne-Marie Olivier, qu'elles ont connu au Conservatoire de Québec. Après quelques séances de remue-méninges, la «Québec Connection» esquisse le scénario du Psychomaton, qui leur permet, au fond, de poser toutes les questions qui les taraudent!

Créé en 2007 à Québec, reprise à Québec au mois de novembre dernier, Le psychomaton prépare donc sa première montréalaise. «On rit mais on est touché, dit Hélène Florent. Les gens en sortent légers. C'est un show qui fait du bien. Je pense que c'est un spectacle accessible justement parce qu'il y a plusieurs thèmes et qu'on peut se reconnaître dans plusieurs personnages.»

Pas de doute, Hélène Florent se sent très proche de son personnage. Ce besoin de parler et cette envie de changer le monde pour le rendre meilleur, elle le ressent aussi. Et l'exprime dans sa propre vie en jouant, comme ses collègues, dans des salles pleines. D'où, peut-être, ces multiples projets qui lui pleuvent sur la tête, au théâtre, à la télé et au cinéma.

Au petit écran, Hélène Florent retrouvera son personnage de Stéphanie dans la deuxième saison de La galère, qui sera diffusée à l'automne. Elle prépare également une série dont le titre provisoire est Ni plus ni moi (avec Emmanuel Bilodeau). Et reprendra, toujours à l'automne, la pièce Sacré Coeur, d'Alexis Martin et Alain Vadeboncoeur, présentée à l'Espace Go il y a près d'un an, qui nous plongeait dans la réalité des urgences.

Comme si ce n'était pas assez, au mois de mars, elle sortira son premier court métrage intitulé Léger problème. Au cinéma, où elle ne cesse de tourner (La lâcheté, La vie de mon père, Mémoires affectives, etc.), on la verra dans un petit film indépendant, Y sont où nos bateaux? «Ce que je veux, conclut-elle, c'est diversifier mes projets, je suis une boulimique du changement!» C'est gagné.

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Le psychomaton, du Groupe Ad Hoc, au Théâtre d'Aujourd'hui du 17 février au 7 mars.