C'est parti ! Les 10es Coups de théâtre, qui présentent pour l'occasion 10 créations québécoises, démarrent lundi avec la présentation du Petit chaperon rouge, du dramaturge français Joël Pommerat, de passage à Montréal jusqu'à vendredi.

Le programmateur des Coups de théâtre, Rémi Boucher, l'a présenté il y a quelques semaines comme l'un des grands dramaturges français, et l'un des plus «en demande d'Europe».

 

En tout cas, la démarche artistique de Joël Pommerat fait penser à celle de Robert Lepage ou de Wajdi Mouawad en cela qu'il accorde autant d'importance au texte qu'au dispositif scénique, au son et à la lumière. Et évidemment au jeu des acteurs.

Le Petit chaperon rouge est sa première pièce pour enfants. Créée en 2004 par sa compagnie Louis Brouillard, la pièce était destinée à sa fille qui avait à l'époque 7 ou 8 ans, avoue Joël Pommerat au cours d'un entretien téléphonique, la semaine dernière.

Le conte de Charles Perrault l'intéresse, comme celui revisité par Grimm. Mais pas autant que la vingtaine de versions orales répertoriées depuis le XIXe siècle. «Ces versions d'avant Perrault, explique Pommerat, étaient assez violentes. Et même un peu gore. Il y a une histoire où le Petit chaperon (qui ne porte pas de rouge) mange les restes de sa grand-mère...»

Cette multiplicité des versions fascine le dramaturge qui creuse le sujet et commence son travail d'écriture. «Je ne voulais évidemment pas choquer le jeune public, mais je voulais conserver une trace de la cruauté présente dans ces récits. Je ne crois pas qu'une histoire pour enfants doive obligatoirement être niaise ou édulcorée.»

C'est ainsi que l'auteur, qui vient d'ailleurs de créer une autre pièce pour le jeune public (Pinocchio), se lance dans sa propre interprétation du Chaperon rouge. «J'ai bâti la pièce autour de l'idée que le sentiment de la peur était lié au sentiment de désir, explique Pommerat. Que la peur du danger est accompagnée d'un désir de découverte.»

Le loup est évidemment au coeur du récit. Non pas comme la métaphore d'un prédateur humain dont il faut se méfier, mais comme un véritable animal. L'auteur le voulait dangereusement séduisant. «Il est beau et il fait peur. C'est ce que je trouve intéressant. Tout ce qui fait peur est attirant.»

Ainsi, pas de fin univoque et moralisante comme dans le conte de Perrault. Joël Pommerat nous révèle que le Petit chaperon rouge et sa grand-mère finissent bien par être dévorés, mais il raconte aussi leur sauvetage «sur un mode ironique». On n'en saura pas plus...

Joël Pommerat, qui fait la mise en scène de tous ses textes, travaille avec les mêmes acteurs depuis plusieurs années, certains depuis 10 ans. Trois équipes d'acteurs interprètent ainsi six de ses spectacles en France. «Dans Le Petit chaperon rouge, conclut-il, j'ai voulu trouver le mentir le plus vrai et le plus juste possible.»

Le Petit chaperon rouge, de Joël Pommerat. À l'Usine C, les 17 et 18 novembre. À partir de 8 ans. Pour consulter toute la programmation des Coups de théâtre: www.coupsdetheatre.com