Des humoristes et des intellectuels s'unissent dans un spectacle pour dénoncer le Sommet du G7, qui aura lieu dans quelques jours à La Malbaie, dans Charlevoix. Guillaume Wagner, Fred Dubé, Sèxe Illégal, Marie-Lise Chouinard, Catherine Dorion et Marie-Christine Lemieux-Couture seront au Centre communautaire Lucien-Borne, à Québec, samedi.

«C'est difficile d'être pour le G7 quand il y a autant d'opacité autour de la réunion», explique l'auteure, humoriste et comédienne Marie-Lise Chouinard, qui présentera son conte Justin Trudeau et la lampe magique.

Elle est persuadée que cette rencontre de chefs d'État pourrait être un «événement positif» s'il y avait plus de transparence de leur part. Elle rêve que les citoyens aient accès aux réflexions des politiciens lors de cette rencontre, et même que le public soit invité - à un moment précis - à poser des questions comme lors de débats présidentiels.

«Si nous déboursons au-dessus de 200 millions de dollars pour finalement ne pas avoir accès à leurs réflexions et à leur évaluation des sujets abordés, je me pose des questions sur l'investissement. Est-ce qu'il vaut le résultat? Je dirais que non. C'est comme de payer 250 $ pour un examen médical, sauf que tu ne reçois pas les résultats», ajoute Marie-Lise Chouinard.

Front commun comique

Tous les billets se sont déjà envolés pour ce spectacle gratuit, qui a été créé par le Front commun comique. Ce groupe, fondé par l'humoriste Fred Dubé, et dont font partie Guillaume Wagner et Sèxe Illégal, présentera son sixième spectacle. Chaque fois, des humoristes et des intellectuels sont invités à dénoncer une situation.

La première fois, en 2014, le thème était «NON au saccage pétrolier» et le but était d'amasser des fonds pour le Centre québécois du droit de l'environnement. Il y a aussi eu un spectacle contre l'austérité et deux autres contre les paradis fiscaux.

«Nous avons eu l'idée de former un collectif, une base. Comme ça, nous ne sommes pas obligés de partir de zéro lorsque nous voulons faire un spectacle d'humour politique et engagé», souligne Fred Dubé, à propos du Front commun comique.

Lorsqu'un sujet chaud les interpelle, ils proposent à leurs confrères de créer un nouveau spectacle, pour un soir seulement.

Sur scène, Fred Dubé parlera entre autres du «nouveau vocabulaire politique». «Par exemple, les politiciens sont tous rendus progressistes! Tant que tu es moins pire que Trump, tu es progressiste. Je vais un peu décortiquer cette langue-là, qui est faite pour nous mêler», dit celui qui avoue que la politique est au centre de sa vie.

Spectacle paritaire

L'événement, qui peut se targuer d'être paritaire hommes-femmes, donnera aussi la parole à l'auteure et sémiologue Marie-Christine Lemieux-Couture, qui aime beaucoup l'idée d'un front commun entre humoristes et intellectuels.

Elle assume tout à fait d'être «anti-G7». «C'est sûr que comme anarchiste, je ne crois pas que la démocratie représentative est vraiment un système démocratique. Et cette espèce de mascarade de force témoigne de cette non-démocratie, à mon sens.»

Dans le spectacle, elle se questionnera sur l'égalité des sexes, un des sujets chauds qu'aborderont les chefs d'État à La Malbaie.

«Si on regarde récemment à l'Assemblée nationale, il y a eu le dépôt d'une loi pour une représentativité paritaire au Conseil des ministres. Ça n'a même pas passé! Si on regarde la montée de l'extrême droite, c'est très inquiétant. Ce sont des discours misogynes, antiféministes. Et juste économiquement parlant, au Canada, en ce moment, on ne s'en va pas vers l'égalité hommes-femmes. Alors c'est bien beau en mots d'en parler au G7, mais dans les faits, ce n'est pas ça qui se passe.»

Marie-Lise Chouinard estime que ce spectacle est une bien belle façon de réfléchir collectivement à la pertinence du G7: «Il y a beaucoup de manifestations qui vont avoir lieu. Mais cet événement [le spectacle] est plus dans la construction que dans la destruction. Parce que nous donnerons des outils au public pour qu'il en tire sa propre conclusion. Et c'est dans la réflexion qu'avance la démocratie.»

Photo André Pichette, Archives La Presse

Marie-Lise Chouinard