Il y a dix ans, rongé par l'anxiété, jamais Cameron Algie ne se serait imaginé monter sur une scène, encore moins pour improviser devant un public. Pourtant, il donne maintenant des ateliers d'improvisation contre l'anxiété au Second City Training Centre, à Toronto.

M. Algie avait bien ri lorsque son psychologue lui avait dit qu'il était naturellement drôle et qu'il devrait tenter sa chance dans un cours d'improvisation avec cette troupe originaire de Chicago, maintenant établie dans d'autres grandes villes nord-américaines.

«C'était pour moi l'idée la plus terrifiante», se souvient l'homme originaire de Cambridge, en Ontario.

«Passer la porte le premier jour, suivre le premier cours, c'est ça la chose la plus effrayante. L'anxiété découle de l'anticipation et du fait d'imaginer toutes ces choses effrayantes, mais une fois dans la classe, c'était terrifiant mais amusant.»

Il a suivi les cinq niveaux de cours d'improvisation, puis a poursuivi au conservatoire de l'organisme. Il donne maintenant des cours d'improvisation pour l'anxiété ou l'art oratoire.

«Le jeu est la clé, c'est l'élément primordial pour ne pas que le cours ressemble à du travail ou à une thérapie, explique-t-il. Faire jouer les gens, et ensuite, s'attaquer à des concepts comme être dans le moment présent et être en contact avec son corps, connecter avec les autres, faire des erreurs, se permettre de ne pas être parfait et accepter de ne pas être parfait.»

Le travail d'équipe et le développement des habiletés sociales sont aussi au centre d'une nouvelle formation du centre axée sur l'improvisation pour les adolescents vivant avec un trouble du spectre de l'autisme, qui débute le 9 janvier.

L'entraîneuse Cassie Moes, qui a suggéré l'idée, a appris à travailler avec des gens ayant des besoins spéciaux en étant enseignante du premier cycle secondaire et en offrant des soins de répit et des ateliers d'impro à des groupes spéciaux.

«Je me rends souvent compte que, pour les enfants qui ont un trouble du spectre de l'autisme qui vieillissent, il n'y a pas beaucoup de programmes et de ressources de bonne qualité pour leur permettre d'explorer différentes choses», affirme-t-elle.

«Donc je voulais vraiment offrir un programme où ils acquerraient non seulement l'aspect social qu'offre l'improvisation, mais aussi des compétences qui serait utiles dans la vie quotidienne.»

Dans la classe pour les gens anxieux, l'obstacle le plus difficile à surmonter est le jugement que les participants portent sur eux-mêmes.

«Lorsqu'on est sur scène, le public ne nous juge jamais aussi sévèrement que nous-mêmes», soutient Cameron Algie.

«Si vous faites une petite erreur sur scène, le public ne la remarque probablement même pas, ou ne s'en formalise pas, ou ne pense pas que c'est une erreur. Il a sûrement ri, trouvé ça drôle.»

Cassie Moes, qui donne aussi ce cours, dit aux élèves de ne pas tenter d'être drôles.

«Je tente de dire que ce qu'ils sont et ce qu'ils ont et ce qu'ils apportent de façon inhérente est suffisant, dit-elle. On est protégés par le cadre du jeu. Ceux qui se laissent le plus aller sont ceux qui ont le plus de succès, ceux qui n'ont pas de filtre.»

Certains participants issus de ces classes ont continué à jouer et ont même formé leurs propres troupes.

«Pour beaucoup de monde, parler devant un public, c'est pire que la mort, illustre Mme Moes. Donc ils se disent: «Si je peux me tenir devant 200 personnes, il n'y a rien que je ne puisse pas faire dans ma vie».»