En devenant la tête d'affiche de la future émission jeunesse Med à VRAK 2, son nom risque d'être sur toutes les lèvres en 2015. Parce que Mehdi Bousaidan est de ces jeunes dont le Québec a besoin, et que son ambition va bien au-delà du simple rire.

Brillant. C'est le premier mot qui nous vient à l'esprit après une heure de discussion avec Mehdi Bousaidan. Qu'il s'agisse de sa vision du métier, de l'éducation, du Québec ou du monde, ce jeune homme a manifestement pris goût très tôt à la réflexion.

Nous trouvions déjà que son matériel avait ce petit quelque chose qui manque dans le paysage actuel de l'humour: un peu de culture. Il faut dire que la première question qu'il s'est posée en sortant de l'École nationale de l'humour a été: «Qu'est-ce que je peux dire?» Il se trouvait trop jeune pour raconter son «vécu».

Esprit ouvert

Mehdi Bousaidan a ce sérieux plutôt répandu chez les enfants d'immigrants, qui ont souvent plus de pression sur les épaules. Né en Algérie, il est le cadet de sa famille - un accident, dit-il - et est arrivé au Québec à 5 ans, où il a grandi à Laval.

«Je regardais mes amis à l'école et je me disais: «Oups, je ne peux pas me permettre de faire comme eux.» Moi, il faut que ça marche. Mes parents ont sacrifié énormément de choses pour venir au Québec.»

Mais c'est un mélange identitaire qu'il trouve enrichissant, d'autant qu'il a la confiance de ses parents dans son choix de vie.

De la théologie à l'humour

Cette ouverture lui permet de bien comprendre la nature réelle de l'humour au Québec. «L'Algérie, c'est un pays qui est très drôle, car les pays colonisés ont souvent plus de facilité à utiliser l'humour à cause de leur historique de perdants. On utilise l'humour pour sortir des problèmes. Bien sûr que je fais un parallèle avec le Québec! Je pense qu'ici, l'humour est maladif, beaucoup plus qu'en Algérie même, et cela tient à l'histoire.»

Mehdi Bousaidan a étudié en communications et cinéma au cégep. Il voulait devenir journaliste et admirait Pierre Desproges, un modèle pour lui. «Mais les profs nous décourageaient d'aller en journalisme et en cinéma: ils nous disaient qu'il n'y avait pas de jobs, qu'il y avait trop de convergence et de radios-poubelles et que, de toute façon, tout ce qu'on voyait partout, c'était des humoristes. Alors humoriste, c'est le métier qui pouvait englober tout ce que j'aime.»

À l'université, Mehdi Bousaidan s'était d'abord inscrit en théologie: il était fasciné par l'histoire des religions, car, à l'école secondaire, c'est un cours d'histoire des religions qui l'a rendu athée, dit-il.

«J'étais musulman, et j'ai découvert que ma religion n'était pas meilleure que les autres, que la religion n'était pas le plus important. Ç'a complètement changé mon mode de vie, mais c'est un sujet qui me passionne», explique-t-il

Il a plutôt choisi de s'inscrire aux auditions de l'École nationale de l'humour et a ainsi tracé sa trajectoire. Il a fait ses classes dans les bars, a animé des soirées à l'Abreuvoir, s'est rendu jusqu'à la finale d'En route vers mon premier gala, a écrit pour la sérielol:-), jusqu'à ce premier gros contrat: la nouvelle émission jeunesse qui porte son nom, Med, présentée dès janvier à VRAK 2...

Le plus beau, chez Mehdi Bousaidan, est que son ambition n'est pas que personnelle. «Nous avons tout au Québec pour être un peuple brillant», proclame-t-il avec conviction, mais il se montre très critique envers le système d'éducation, qui n'inculque pas une base de culture générale à tous, ou nos jeux-questionnaires télévisés, qui nous proposent d'ouvrir des valises plutôt que d'ouvrir nos esprits. «Il faut choisir ses combats.»

Jusqu'au 5 janvier, l'équipe des Arts vous présente 10 nouveaux venus qui ont brillé en 2014 et qui devraient briller encore davantage en 2015.