Elle en est à son 11e ou 12e spectacle solo en 27 ans de carrière (elle ne les compte plus!). L'humoriste Anne Roumanoff présente Anne [Rouge]manoff au Monument-National, samedi. Mais si elle revient au Québec pour le travail et des vacances, c'est aussi parce qu'elle aime «l'optimisme et l'énergie positive» des Québécois.

Anne Roumanoff est venue à Montréal pour voir sa fille de 19 ans, qui étudie la mode au Collège LaSalle. Combinant famille et plaisir de jouer, elle en a profité pour jouer mercredi soir à Bromont. Elle sera samedi à Montréal et le 15 juillet à Rosemère.

Présenté en primeur au Théâtre Maisonneuve en 2012, son plus récent spectacle Anne [Rouge]manoff contient de nouveaux numéros et d'autres transformés. Car l'humoriste française est toujours collée à l'actualité.

«Il y a un volet politique et un volet sur la société et la vie quotidienne, dit-elle en entrevue. Des sketchs sont intemporels, comme l'adolescente qui n'arrive pas à faire son exposé, la bouchère qui a peur de la crise financière, la femme riche qui manifeste car elle n'a plus d'argent, la stagiaire nulle très contente d'elle-même et la femme qui fête ses 35 ans de mariage.»

Elle présentera aussi un numéro qui a bien marché en France et dans lequel elle parle de sa «coach québécoise en bien-être intérieur», baptisée Marie-Hélène Robitaille et dotée, dit-elle, d'un bel accent du Lac-Saint-Jean.

Anne Roumanoff prend plaisir à commenter la vie politique française. Elle est quand même diplômée de Sciences po Paris... Elle évoque dans son show les difficultés actuelles de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, notamment l'épisode du président français qui va voir sa maîtresse en scooter dans les rues de Paris.

Elle ne parlera pas de la loi sur le mariage gai adoptée en France dans la douleur, mais fera peut-être en rappel un nouveau numéro sur une femme qui assiste au mariage de sa fille lesbienne.

«J'aime bien que dans mes sketchs, il y ait une petite morale et un sens, dit-elle. Il faut rire, mais il faut aussi que ça aille quelque part. Je parle aussi de la superficialité de notre époque. L'adolescente qui mélange Hitler et la Première Guerre mondiale, le Vietnam et le débarquement de Normandie. Beaucoup d'adolescents sont comme ça. Mais bon, il faut accepter que le monde change.»

Ni optimiste ni pessimiste, Anne Roumanoff voit son pays, la France, en pleine ébullition. «La montée des extrêmes m'inquiète. On a l'impression que tous les partis s'effondrent et qu'il y a un mouvement vers l'extrême droite, mais j'ai confiance dans le côté raisonnable des Français. Que du chaos rejaillira la lumière. Un Français installé au Québec me disait que la différence fondamentale entre le Québec et la France, c'est qu'ici les gens chialent tout autant qu'en France, mais que les Québécois sont persuadés que demain sera meilleur qu'aujourd'hui alors que les Français pensent qu'hier était mieux. C'est une bonne analyse. Les Français passent leur temps à se rattacher à un passé glorieux. Et du coup, ils ont peur des changements.»

Anne Roumanoff aime le Québec. Cette semaine, elle a participé à l'enregistrement de L'été indien, une émission de variétés animée par Michel Drucker. Elle a eu beaucoup de plaisir à côtoyer Ginette Reno et Isabelle Boulay.

«Je le dis sans flagornerie, il y a de grands artistes au Québec. Isabelle Boulay est une fille fantastique, une grande artiste, très simple. Quant à Ginette Reno, elle a une énergie positive, un humour et une espèce de force, un côté ancré, j'ai trouvé cette femme exceptionnelle.»

En France, l'humoriste de 48 ans continue d'être très populaire, même si le milieu français de l'humour a vu arriver de nombreux nouveaux artistes de toutes origines et aux styles variés. «J'ai la chance d'avoir des salles pleines, mais je dois prendre en compte les jeunes générations, dit-elle. Ça permet de se ressourcer et de trouver de nouvelles idées. On se nourrit de cette jeunesse.»

Son obsession

«Facebook et Twitter. Un peu trop peut-être! Je suis aussi très très mail. J'essaie de me soigner!»

Son public

«Des ouvriers et des gens très chics, plus de femmes que d'hommes, beaucoup de gais et beaucoup de jeunes de 8 à 15 ans.»

Son rêve artistique

«Produire une grande oeuvre, un film ou une pièce de théâtre. J'y travaille. Ça demande une discipline...»

Son prochain solo

«Je vais tester des numéros fin juillet à Aix-en-Provence. Je sortirai mon nouveau spectacle en France en 2015.»

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Anne Roumanoff, samedi à 21h30 au Monument-National.