Respectivement gagnante et finaliste d'En route vers mon premier gala 2013, Virginie Fortin et Mariana Mazza unissent leurs forces - et leurs faiblesses - dans un spectacle à deux têtes qui révèle non seulement leur talent, mais aussi une amitié comique et irrésistible.

Tout pourrait opposer Virginie Fortin et Mariana Mazza. En premier lieu, la rivalité. C'est pourtant lors du concours En route vers mon premier gala que leur amitié a vraiment décollé. «De l'extérieur, les gens pensent que c'est une grosse compétition, mais au fond, c'est 30 humoristes super stressés qui sont contents que leurs amis humoristes soient aussi stressés qu'eux», résume Virginie Fortin, gagnante du concours.

La chimie entre les deux filles ressemble plus à celle qu'on observe entre deux soeurs qu'entre deux amies. Car, comme une grande soeur, Virginie Fortin, 27 ans, semble attendrie devant l'exubérance de Mariana Mazza, 23 ans - et surtout hilare devant ses nombreux lapsus et impairs, comme «on va faire la Cinquième place de la Salle des arts», tandis que Mazza semble vouer une grande admiration à son aînée, dont elle parle avec fierté.

Mazza, avec sa voix rauque, son corps plein de tatouages et son côté tomboy, est la petite bombe qui prend de la place, souvent drôle malgré elle. Fortin, plus fashion et posée, est une pince-sans-rire dont l'humour, redoutable, surprend au moment on s'y attend le moins.

Mazza, en nomination aux Olivier dans la catégorie «Découverte de l'année», est dans le droit fil du stand-up qui s'appuie sur sa propre personnalité, tandis que Fortin, qui vient du milieu de l'impro, aime bien se cacher derrière des personnages - elle fait d'ailleurs partie de l'équipe de SNL Québec.

Ce sont ces deux approches, très différentes, que l'on verra sur scène le 1er mai au St-Denis pour la première médiatique de Mazza/Fortin, qui se veut le perfectionnement d'une expérience tentée au Zoofest. Elles ont chacune leur matériel, et quelques numéros en duo pour lier le tout. C'est deux pour le prix d'une, finalement, mais un spectacle complet.

Comme le dit Fortin, vouloir les comparer, c'est un peu comme vouloir comparer des bananes avec des chats...

Combinaison inusitée



On ne le cachera pas: le milieu de l'humour connaît en ce moment une explosion de nouveaux talents, et la concurrence est dure pour la vente de billets. Cette combinaison inusitée ne peut pas leur nuire. Et pour les avoir vues en action, on peut affirmer sans risque de se tromper que Mazza et Fortin incarnent l'avenir de la profession.

Les deux jeunes femmes appartiennent à cette génération qui investit l'humour non comme pour un essai timide, mais comme une vocation assumée, une génération qui mange de l'humour matin, midi et soir et pratique dans tous les bars de la province. Assez pour faire oublier, ou rendre caduque, la question de la place des filles en humour, puisqu'elles prennent vraiment leur place. D'ailleurs, elles pensent que le Québec est juste un peu en retard, quand on voit, aux États-Unis, les Tina Fey et Amy Poehler animer avec férocité les Golden Globes...

La dynamique entre les deux filles est naturelle et spontanée. Lorsque Mazza raconte qu'elle a grandi, comme dans les films, dans un ghetto à Montréal-Nord et qu'elle avait envie d'aller cracher sur la porte des riches dans les beaux quartiers, Fortin répond: «Et moi, je suis celle qui est fâchée qu'on ait craché sur sa porte.» C'est sur leurs différences - exagérées au possible - qu'elles aiment jouer.

On ne parle pas vraiment ici de duo, mais d'association temporaire, le temps d'un spectacle. Car les deux humoristes multiplient individuellement les contrats et les projets depuis En route vers mon premier gala, tout en s'encourageant et en s'inspirant mutuellement. Elles sont autant des admiratrices l'une de l'autre que des amies, applaudissent ensemble leurs réussites et jouissent de leurs niaiseries.

Enfin, elles trouvent ensemble des remèdes au trac: d'ici la première de leur spectacle, ne les cherchez pas, elles s'évadent pour un week-end de magasinage à Toronto. Mazza-Fortin dans les magasins, ce doit être tout un numéro...

Première le 1er mai au Théâtre St-Denis.