L'avion, le TGV, les vestiaires, les serveurs, les enfants. Tout agace Franck Dubosc. Dans son nouveau spectacle, À l'état sauvage, présenté au Théâtre St-Denis le 19 avril, l'humoriste a décidé de quitter pour un moment la civilisation et toutes ses «emmerdes» pour vivre dans une île déserte. Entrevue avec un Frank Dubosc plus sage que jamais.

Pour son quatrième spectacle solo, Franck Dubosc a choisi de mettre en retrait l'image de mythomane, de séducteur et de beau parleur qui lui colle à la peau depuis ses premiers pas sur scène pour mieux revenir à l'essentiel.

Avec À l'état sauvage, il s'est autorisé à écrire sans concession, donnant du même coup un souffle nouveau à son humour. «J'ai écrit mes premiers spectacles en utilisant des recettes qui plaisent au public. J'ai fini par m'oublier et oublier ce qui me plaît. Cette fois, j'ai créé en toute liberté», explique-t-il.

Papa, à 50 ans, de deux jeunes enfants, l'humoriste ne cache pas que sa petite famille est pour quelque chose dans son changement de style. «J'avais envie de montrer quelque chose de plus réel, sans ambiguïté. Mon personnage de séducteur est toujours là, mais il s'est endurci. Je garde bien sûr les basiques. C'est un peu comme quelqu'un qui s'est rasé la moustache: on le regarde, c'est le même, mais pourtant, il est différent. Ma femme et mes enfants risquent de voir mes spectacles, alors je dois modérer un peu les grossièretés!», explique Franck Dubosc.

L'humoriste, qui s'était promis de ne jamais parler de paternité sur scène quand il a eu son premier enfant, n'a pas pu s'empêcher, après la naissance de son deuxième fils, de partager dans ce nouveau spectacle le lot d'«emmerdes» qui accompagnent la joie d'être parent.

«Je les avais dans les jambes tout au long de l'écriture, j'ai donc été obligé d'en faire un moment dans ce spectacle!», lance-t-il à la blague.

Inspiré par l'image du Parisien râleur, et par la morosité ambiante en France lors des dernières élections présidentielles, Franck Dubosc a décidé de dresser la liste de tout ce qui peut l'agacer dans la vie.

«Les Français sont grognons. Dieu sait que c'est vrai! J'écrivais, pendant les élections, et j'ai réalisé que, finalement, qu'on soit de gauche, de droite, noir ou blanc, on n'est jamais content en France! Je suis donc parti du principe que tout m'emmerde. Alors je pars sur une île déserte, mais une fois là-bas, tout me manque», explique Dubosc, heureux de pouvoir renouer avec son personnage d'aventurier mythomane né dans ses premiers numéros, pour traverser les océans sur un voilier de 25 mètres et atterrir dans l'archipel de «ton kiki».

«Ce qui me manquerait le plus sur mon île déserte, ce serait mon coiffeur!», dit Dubosc. «Non, sérieusement, ce serait ma famille. Je leur envoie une lettre à la mer à la fin du spectacle, leur disant d'aimer leurs emmerdes, et que même s'il fait beau, il faut toujours un peu de pluie pour produire un arc-en-ciel», ajoute-t-il.

Lien privilégié avec le Québec

C'est à Montréal, en 1999, que Franck Dubosc a connu son premier succès en tant qu'humoriste. Révélation de l'année au festival Juste pour rire cette année-là, il a toujours gardé une relation privilégiée avec le Québec.

«Je ne suis pas venu depuis quatre ans, et les Québécois me manquent terriblement! En lisant mes textes, je me rends compte qu'il n'y a pas beaucoup de travail d'adaptation à faire. Vous vivez un peu les mêmes choses que nous!», remarque-t-il.

Mais qu'est-ce qui pourrait bien emmerder Franck Dubosc à Montréal?

«Dans les toilettes des bars, il y a de grosses boîtes en fer avec de grands rouleaux de papier dont on ne trouve jamais le début. On finit par le tourner, tourner, pour tirer sur la petite feuille qui ballotte et finalement sortir assez de papier pour torcher le restaurant au complet! Ça m'emmerde et je risque d'en parler dans mon spectacle», conclut l'humoriste.

________________________________________________________________________________

À l'état sauvage, au Théâtre St-Denis le 19 avril.