François Bellefeuille a toujours aimé les animaux. Après avoir passé 10 ans en urgence vétérinaire, il a choisi d'embrasser une carrière d'humoriste en 2005 en entrant à l'École nationale de l'humour. Mardi, ce sera le grand test de sa première montréalaise. La Presse a rencontré ce «drôle d'oiseau» au Biodôme.

Laurent Paquin a déjà dit du personnage qu'incarne François Bellefeuille sur scène qu'il est un croisement entre Jean-François Mercier et André Sauvé. L'hystérie et la folie dans le même lit! «Comme si Jean-François et André avaient fait un enfant qu'ils n'aimaient pas et qu'ils l'auraient donné en adoption! Du coup, mon personnage est en maudit!», lâche François Bellefeuille en entrevue.

Ce natif de Trois-Rivières en a surpris plus d'un quand, avec ses cheveux bouclés et ses lunettes de myope, il a joué pour la première fois son personnage hystérique qui prenait des perruches pour des faucons. «Quand je faisais les bars au début, ça marchait partout, car c'était nouveau, la colère et l'absurdité ensemble, dit-il. Quand tu cries, les gens n'ont pas le choix de t'écouter!»

En 2009, le numéro du faucon a fait fureur à l'émission En route vers mon premier gala. Mais le jury lui a préféré Olivier Martineau. Laurent Paquin, lui, a adoré. Il a réclamé que François Bellefeuille soit à son gala suivant, en 2010. Le blanc bec a fait mouche et a mis le public dans ses plumes!

Personnage en évolution

François Bellefeuille a toutefois réalisé, en 2010, qu'il devrait moduler les colères de son personnage pour éviter de tomber sur les nerfs d'une partie du public.

Travailler un texte lui a pris du temps. Pendant plusieurs années, il a été humoriste de soir et vétérinaire de jour. Pas facile de se concentrer sur la créativité. «Quand j'ai arrêté d'être vétérinaire, j'ai pu me laisser aller», dit l'humoriste de 38 ans.

Après avoir diminué le nombre de décibels sortant de sa bouche, le personnage soupe au lait a pris de la substance et des nuances, tout en gardant son hystérie maladive et sa douce folie.

«Aujourd'hui, mon personnage a un côté pitoyable, un côté enfantin et, quand il est en colère, c'est pour des raisons de base, dit-il. Ça m'a pris du temps à concocter la recette qui fonctionne. Mon personnage évolue, mais il va toujours être fou, car la folie me fait rire.»

Pour son premier spectacle, il a délaissé les numéros qui ont fait sa renommée, question d'offrir aux spectateurs de nouvelles histoires où il est question de son corps, d'une critique de livres pour enfants, de la solitude et, bien sûr, des animaux, son thème de prédilection.

«Les animaux sont très présents dans le show, dit-il, et ils feront toujours partie de mon univers. Je trouve intéressant de parler des animaux sans faire référence au fait que j'étais vétérinaire auparavant. Mon personnage étant enfantin, ça passe bien, car les enfants tripent sur les animaux.»

Ses complices

Les textes de son spectacle ont été écrits avec l'aide de l'auteur Olivier Thivierge et de l'humoriste Louis T. La mise en scène est signée Martin Petit, qui a connu François Bellefeuille quand celui-ci était à l'École de l'humour.

«J'ai l'impression d'être un coach personnel, dit Martin Petit au téléphone. Mon approche de mise en scène en humour est modelée en fonction de l'humoriste. François est très autonome et excessivement créatif. Lorsqu'il y a des solutions à trouver, il les trouve très rapidement. J'étais donc là pour l'aider à éviter de perdre du temps et pour qu'il fasse le show qu'il avait envie de faire.»

«Martin m'a aidé à simplifier mon texte et à avoir une ligne directrice plus facile à comprendre, ajoute François Bellefeuille. Il est l'humoriste qui se rapprochait le plus de moi. Sa contribution était essentielle à mon spectacle.»

Le rodage du spectacle, qui a commencé en août dernier, s'est bien déroulé. François Bellefeuille a déjà vendu 60 000 billets. «Je pense que depuis que j'ai commencé les premières parties de Louis-José [Houde] il y a un an et demi, je me suis beaucoup amélioré. Mon public s'est élargi. Mais je sais qu'un jour, je vais plafonner!»

Il lui arrive encore de s'ennuyer de l'époque où il travaillait en urgence vétérinaire, à soigner des chiens qui venaient de se faire frapper par des autos. «Je me trouvais bon et utile là-dedans, dit-il. Je l'ai fait 10 ans. J'avais fait le tour. La vie est trop courte. Il y a trop de choses qu'on peut faire, mais je suis très heureux d'avoir fait ce virage en humour. Si je le pouvais, je referais ma vie de la même façon.»



Sa carrière d'humoriste

2007 : Sortie de l'École nationale de l'humour

2009 : Participe à En route vers mon premier gala avec son numéro du faucon

2010 : Premier gala Juste pour rire avec Laurent Paquin et le numéro du faucon

2011 : Deux galas JPR avec Éric Salvail et Laurent Paquin

2012 : Animation des Soirées Juste pour rire (il le fera deux ans)

2012 : Il joue dans la websérie Devenir expert en 3 minutes sur LibTv

2012 : Il crée le spectacle Union libre avec Simon Leblanc (50 shows en tournée)

2012 : Il remporte le prix Découverte de l'année au gala Les Olivier

2012 : Il participe à trois galas JPR avec Éric Salvail, Laurent Paquin et Mike Ward

2012-2013 : Il fait la première partie du spectacle Les heures verticales de Louis-José Houde

2014 : Il animera le 14 juillet son premier gala Juste pour rire sur les «rejetés» de la société.

Les animaux et lui

L'humoriste n'était jamais allé au Biodôme de Montréal. La Presse a fait un petit tour des lieux avec lui. Il en a profité pour rire avec les animaux et répondre à nos questions sur les animaux.

Son animal préféré? Le chat. «J'aime son petit côté qui se fout de nous.»

Combien d'animaux chez lui? Deux chats. Sa chienne est morte il y a quatre ans.

De nouveau un chien un jour? «Oui et je l'amènerai partout, comme Michèle Richard!»

L'animal le plus difficile à soigner? «Le chat, car c'est difficile à tenir. De vrais ninjas!»

L'animal le plus hystérique? «Un petit Shih Tzu.»

L'animal le plus drôle? «Les animaux de concours: c'est la représentation de l'autodérision!»

A-t-il déjà capturé un animal? «Au Brésil, en stage, on capturait des chevreuils en hélicoptère.»

Des messages pour lui

Jean-Michel Anctil

«La première fois, on y pense depuis qu'on est ado. On veut être le meilleur, mais le stress et l'excitation font parfois que l'on précipite les choses. Prends ton temps. Savoure chaque moment. Tu auras à raconter cette soirée un jour, alors il vaut mieux que ce soit un bon souvenir. C'est rare que je dise ça, mais je serai là pour te voir prendre ton pied. Ah oui, n'oublie pas de te protéger des mauvaises langues et de l'épuisement.»

Martin Petit

«Je lui souhaite que l'accouchement se fasse dans une douleur agréable, d'autant plus que je signe la mise en scène du spectacle! J'admire François pour son inventivité et son éthique du travail. Un premier one-man-show, c'est à la fois un aboutissement et un commencement et, dans des cas d'exception, une consécration. Je lui souhaite un triplé.»

Gilbert Rozon

«François Bellefeuille est un fou, un beau fou qui crispe et détend. Son talent s'étend rapidement parce qu'il est unique et ça s'entend.»

Ce que Dominique Michel a dit de lui en 2012

«Il est enragé. Tout lui tombe sur les nerfs! Ce n'est pas facile de faire ce qu'il fait et ça fait du bien d'avoir un humoriste comme ça. Il sort exactement ce qu'on pense. Il est excellent et intelligent. Quand on fait de l'humour, il faut être intelligent et avoir le sens du ridicule.»

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Au Monument-National du 3 au 5 février.