Après des mois de mauvaises nouvelles, La Presse a appris qu'une comédie musicale devrait prendre l'affiche ce printemps dans le Village. Un musical contre «le cynisme ambiant, la haine et l'homophobie». Le Village aura-t-il droit à sa mélodie du bonheur?

Au moment où le Village défraie surtout la chronique à cause des agressions, des problèmes de drogue, d'itinérance et de fermetures de commerces, la compagnie Trans-Théâtre produit une comédie musicale qui devrait prendre l'affiche au bar Apollon, le 26 mai.

Cette création promet d'être un «happening éclaté et rassembleur». Elle a pour titre Catnip!, le musical. Le livret est écrit par l'auteur Michel Duchesne (Party de bureau). Le compositeur Stéfan Boucher (Cirkopolis du Cirque Éloize, Usually Beauty Fails de Frédérick Gravel) signe la musique, avec la collaboration du DJ Mark Anthony. La mise en scène est assurée par Jean-Pierre Pérusse.

Les créateurs souhaitent que Catnip! (cataire, en français, l'herbe qui rend les chats fous) agisse comme un baume dans la grisaille urbaine. «Nous voulons créer un événement culturel pour tous les âges et pour tous les publics, explique Michel Duchesne. J'ai une filleule de 14 ans et une grand-mère qui adorent les comédies musicales. Et elles vont venir! Le spectacle se termine vers 21h30: elles pourront donc sortir dans la rue après le show sans avoir peur.»

La pièce aborde, de façon fantaisiste, les thèmes de l'isolement et de la dépendance «sous toutes ses formes», autour de six personnages colorés. Parmi la distribution (à confirmer), on retrouve les interprètes suivants: Frédérike Bédard (qui a fait partie des créations Pied de poule de Marc Drouin et Lipsynch de Robert Lepage), Élizabeth Dupéré, Nicolas Pinson, Frédéric Barbusci, Denys Paris et Dominic Dagenais. Musicalement, Catnip! mélangera les genres musicaux, aves des airs d'opéra, du house, du new wave, de la pop et... beaucoup de synthétiseurs! Comme à l'époque de Pied de poule!

Du haut du clocher

Chaque soir, à 19 h 30, deux sopranos se hisseront sur le clocher de l'Apollon (anciennement le Théâtre Félix-Leclerc, là où Starmania a été créé au Québec!). Du haut du clocher, ces interprètes feront «un appel à la culture, au lieu d'un appel à la prière», explique l'auteur. Un chant qui résonnera au coeur du Village, alors que des centaines de passants arpenteront la rue Sainte-Catherine, sous les boules roses, dans le cadre d'Aires libres. Ce numéro sera un prologue au spectacle qui commencera vers 20h.

«On a l'appui de la Société de développement du Village, se réjouit Duchesne. Mais, avant de commencer les répétitions, on a besoin de la réponse de l'arrondissement de Ville-Marie et d'un commanditaire pour finaliser le montage financier. La musique, les chansons et les textes sont toutefois prêts.»

Michel Duchesne reconnaît qu'il y a des problèmes et de la morosité dans l'air du Village. «Mais il ne faut pas baisser les bras, dit-il. Au-delà du Village, on assiste à un Montréal-bashing depuis quelques années. Cela a commencé avec les manifestations durant la crise étudiante, puis le stationnement dans le Plateau, la circulation pour accéder au centre-ville... Là, c'est le climat de peur dans le Village.»

«On nous trouve très téméraires de créer un show dans le Village avec les moyens du bord, conclut l'auteur. C'est David contre Goliath, les fleurs contre les fusils, un musical contre le cynisme ambiant, la haine et l'homophobie.»

Comme quoi la fierté a une ville... et aussi un quartier.