Martin Matte a profité d'un long séjour en France pour coucher sur papier les premiers épisodes ce qui allait devenir Les beaux malaises, une série de 10 épisodes qu'on pourra voir à TVA en janvier. Franco Nuovo s'est entretenu avec l'humoriste qui revient aussi sur la rupture de son contrat avec Honda. Voici un extrait de cette entrevue que vous pourrez lire samedi dans La Presse+.

Je l'ai vu en show, je l'ai croisé à l'occasion, mais jamais, étrangement, je n'avais interviewé Martin Matte. Cette fois, les astres étaient alignés. Pour la première fois, il a écrit une série de 10 demi-heures intitulée Les beaux malaises, qui sera diffusée à TVA après les Fêtes.

Je l'ai rencontré dans un café, quelques heures avant la première du spectacle d'Adib Alkhalidey, dont il a assuré la mise en scène. C'était le lendemain de son divorce avec Honda - ils étaient unis depuis 13 ans...

Q: Comment a démarré cette idée de série?

R: L'an dernier, j'étais à Paris. J'avais un premier rôle dans une série avec Anne Roumanoff. On a tourné 16 demi-heures. Je travaillais, mais mes enfants et ma famille étaient ici. J'avais donc du temps. Je me suis mis à écrire une bible, des petits scénarios de ma série de rêve: audacieuse, avec des malaises qui me font mourir de rire. Ce que, moi, j'aimerais voir à la télé. Et j'ai envoyé ça à mes deux complices, Avard et mon gérant François Rozon.

Q: Avard, c'est ta conscience?

R: Ça fera 20 ans l'année prochaine qu'on travaille ensemble. C'était mon prof à l'École de l'humour, en 1994. Depuis, tout ce que j'écris, je le lui envoie.

Q: Qu'est-ce que vous avez en commun?

R: Beaucoup. Il est une espèce de frère spirituel. On s'offusque des mêmes choses. On est outrés par les mêmes travers de la société.

Q: À Paris, tu écrivais...

R: Oui, et à un moment donné, j'avais une quinzaine de pages de texte avec des scènes qui me faisaient beaucoup rire. On s'est dit: il faut développer ça.

Q: Qu'est-ce que tu cherchais à faire?

R: Une autre façon d'exprimer mon humour, une extension de mon personnage de stand-up sur scène qui conte des histoires de la vie de tous les jours, dans des situations avec ma blonde, mes enfants... Le personnage, c'est moi, Martin Matte.

Q: C'est inventé?

R: Totalement inventé. Évidemment, je me laisse imprégner comme une éponge de tout ce que je vis et observe. Dans la série, j'ai une blonde qui est Julie Le Breton, deux enfants comédiens, ma mère qui est jouée par Michèle Deslauriers, une fille qui a full expérience en humour, mes chums qui sont Patrice Robitaille, un gars très à droite, et Martin Perizzolo, le chum loser. Ça m'a permis d'écrire aussi des choses profondes. Avant de me lancer là-dedans, je m'alignais pour mon troisième one-man-show, mais la série s'est mise à prendre de plus en plus de place. Ça s'est fait à la vitesse grand V. L'an dernier à cette époque-ci, je gribouillais et là, un an plus tard, on a une série tournée, montée, prête à diffuser.

(Elle était bien ancrée en lui, cette série. Mais pour être certain qu'il ne faisait pas fausse route, après un temps, il a appelé son vieux chum, le cinéaste Robin Aubert, et ils ont tourné le pilote.)

R: Si le pilote n'avait pas marché, j'aurais mis ça de côté. Mais TVA a manifesté plus que de l'intérêt en achetant les textes. Avec Robin, on a tourné en top cinéma dans le loft où j'écris. J'ai appelé Julie Le Breton et on a fait notre scène de souper.

(C'était parti. Matte qui joue Matte a enfin vu à l'écran ce qu'il espérait. Un Matte qui se retourne et parle à la caméra, l'interpelle, reprend la scène, mais avec des variantes. Il joue, rejoue et commente.)

Q: À chaque demi-heure son sujet?

R: Oui, y en a un sur la notoriété, un sur l'ex, un sur le grille-pain et d'autres plus profonds, comme dans l'épisode sur mon frère...

(Son frère, pour ceux qui l'ignoreraient encore, est traumatisé crânien à la suite d'un accident.)

R: C'est vrai, c'est délicat de traiter de la vie sexuelle d'un handicapé. C'est difficile pour lui d'avoir une blonde et une sexualité. Qu'est-ce que tu fais quand la personne veut avoir des relations et que ça fait 10 ans qu'elle n'en a pas? Nous, on a vécu ça. Ça peut être tabou pour certains, pas pour moi. Je trouve ça beau. J'avoue que cet épisode-là, ça a grincé, mais on l'a fait avec amour, en beauté et avec poésie.