Le titre du spectacle a beau annoncer un humoriste «moralement gris», c'est un Yannick de Martino contrasté et brillant que le public du bar Katacombes a chaudement applaudi, mardi soir, dans le cadre de Zoofest 2013.

Dans son deuxième spectacle solo, on a découvert un Yannick de Martino plus personnel et excellent conteur.

Du bar de danseuses dont il s'étonne qu'il s'appelle un «gentlemen's club» jusqu'au gars qui a inventé la pichenotte, l'humoriste a égrené des anecdotes.

Sur le bar de danseuses: «Un bar de danseuses qui s'appelle Gentlemen's Club! lance-t-il. S'il y a bien un endroit qui ne devrait pas s'appeler Gentlemen's Club, c'est bien un bar de danseuses. (...) Un vrai gentleman lui mettrait un manteau dès quelle commencerait à se déshabiller!»

Sur la mort: «La plus belle mort ça doit être quand tu fais l'amour mais la personne survivante doit faire un o.... de saut!»

Mais c'est dans le registre de sa vie qu'il a été le meilleur, racontant des épisodes de son existence tout en les intégrant dans cet espèce d'univers très particulier qu'il s'est construit et qui plaît indéniablement.

L'air de rien, mêlant les blagues salaces aux observations mesurées, il glisse ici et là, discrètement, qu'il est important «d'être bien avec soi-même» et «pas nécessaire de se comparer» aux autres.

Il a longuement expliqué qu'il ne pouvait pas être le meilleur ami de Brad Pitt, avoir ses pectoraux, son intelligence et sa beauté. «Il doit connaître toutes les races de papillons, moi je connais juste les monarques! Quand je vois un monarque, je dis 'Ça, c'est un monarque!' et quand c'est pas un monarque, je dis 'Ça, c'est pas un monarque!» Trivial oui, et pourtant le public est crampé.

Il va jusqu'à évoquer qu'il coucherait bien avec Brad Pitt avant de déclarer être «en général hétérosexuel» et célibataire par choix «mais c'est pas le mien»!

Il parle de ses blondes, notamment la première, un peu «stupidos» qui pensait que le torticolis était une sorte de pâte. Puis du fait qu'il a été papa à l'âge de 18 ans. «Quand ma blonde était enceinte, les blagues de bébé mort, c'était un peu de l'espoir pour moi.» Oumpf.

Il explique ensuite pourquoi il n'est pas végétarien. «D'abord parce que j'adore la viande et que je tripe pas trop m'évanouir! On mange pas de la viande par vengeance! J'ai jamais vu quelqu'un manger un hamburger en fixant un boeuf et en lui disant 'C'est toi le prochain!'»

Avec un texte bien écrit qu'il défile sans hésitation et une belle aisance scénique, Yannick de Martino fournit une performance très prometteuse pour un spectacle plus solide que le premier, plus mature aussi. Bien sûr, c'est souvent absurde et niaiseux mais jamais incompréhensible, parfois songé et dans ce style, il est unique au Québec.

Yannick de Martino moralement gris

Les 10, 12, 13, 14, 19, 20 et 21 juillet aux Katacombes, à 20h30.