Dominique Michel n'est «pas une ramasseuse». Reste qu'au fil d'une carrière artistique de plus de 50 ans, qui l'a vue triompher sur disque et au cabaret, à la radio et à la télé, au cinéma et à la scène, elle en est venue à accumuler pas mal de coupures de presse. Et plusieurs photos d'amoureux...

«À mes débuts, Émérantienne, ma mère, découpait tous les articles qui parlaient de moi. Avec la date en haut», expliquait hier Dominique Michel au cours de la cérémonie où elle a officiellement cédé ses archives à Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Un «petit quelque chose», avait-elle pensé, qui a pourtant attiré plus de 100 personnes dans la magnifique bibliothèque du Centre d'archives de Montréal, rue Viger.

À leur siège attitré ou debout derrière, d'anciens amis comme Michel Forget - «le frère que je n'ai pas eu» - et Jean Bissonnette, réalisateur de Moi et l'autre, l'émission de télé qui a fait de Dominique Michel une mégastar dans les années 60, aux côtés de Denise Filiatrault. Également venus saluer leur Dodo, des magnats, producteurs et réalisateurs de télévision de tous âges - André Larin, Michel Chamberland, Guy Latraverse, Jacques Payette -, des acteurs et des comédiens tels Rémy Girard, Louise Portal, Gaston Lepage. Et Yves Jacques, le maître de cérémonie, qui a joué avec Dodo dans les trois films qu'elle a tournés avec Denys Arcand: Le crime d'Ovide Plouffe (1984), Le déclin de l'empire américain (1986) et aussi Les invasions barbares (2003), dont l'ex-leader du groupe rock Slick & the Outlags a interprété hier, a cappella, la chanson finale - L'amitié, de Françoise Hardy.

Le fonds Dominique Michel, née Aimée Sylvestre en 1931 à Sorel, comprend présentement 70 cm de documents, ce qui est très peu, mais également plusieurs trophées et plus de 4000 photos. «Dans le temps, a-t-elle expliqué à La Presse, Radio-Canada avait des photographes de plateau. André Le Coz vendait ses photos 1$ et moi, je les achetais toutes...» Fait rarissime, Dodo a remercié et nommé hier une vingtaine de photographes qui l'ont suivie depuis 50 ans: la dame, une des rares vamps du temps de Duplessis, s'est toujours occupée de son affaire...

Comme du bien-être d'autrui. Après avoir été traitée à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont pour un cancer colorectal en 2010, elle est devenue porte-parole de la Fondation de l'établissement. À l'époque, l'éditeur Claude Charron travaillait avec Dodo à son autobiographie Y'a des moments si merveilleux, dont il a vite écoulé le premier tirage de 150 000 exemplaires, un succès historique. «Oui, c'est la plus grande star avec qui j'ai travaillé, affirme-t-il. Un coeur d'or aussi. Elle suivait ses traitements quand ma femme, à son tour, a reçu un diagnostic de cancer. Elle est morte l'an dernier et Dominique l'a encouragée jusqu'à la fin. C'est mon amie...»

La gentillesse incarnée

Jean-Pierre Plante, lui, a fait la connaissance de Dominique Michel au Bye Bye de 1976 dont il avait écrit trois sketches, notamment celui sur la CECO. «C'était mon premier Bye Bye, dira le valeureux scripteur à La Presse, et Dodo avait été d'une extrême gentillesse, toujours prête à l'échange. Elle sait dans quoi elle est bonne, mais elle n'exige rien: elle suggère des choses. Super fine, Dodo, mais il ne faut pas la faire suer...»

De façon plus protocolaire, le ministre québécois de la Culture évoquera pour sa part «l'initiative fort louable» de Dominique Michel: «Ce don d'archives personnelles, a déclaré Maka Kotto, permettra d'expliquer aux générations futures une partie de qui nous sommes.»

Et de cette femme qui nous a fait rire pendant si longtemps. Y a-t-il une partie de ses archives dont elle s'est séparée avec un petit pincement au coeur, avons-demandé à la grande dame du showbiz québécois? «Oui... les chums», répond Dodo «l'amoriste»...