L'humoriste parisien d'origine marocaine Jamel Debbouze a réussi son passage au Théâtre St-Denis, mardi soir à Montréal, avec un spectacle coloré, multi-ethnique et empreint d'une tendresse révélée avec une grande pudeur.

En première partie, son «cousin» Rachid Badouri a chauffé le public, dont une grande proportion de spectateurs d'origine maghrébine et française. Avec des anecdotes sur les Français justement, évoquant les différences culturelles de part et d'autre de l'Atlantique, et abordant le thème du racisme avec sa drôlerie habituelle. Applaudissement nourris.

Et c'est avec les mêmes applaudissements et cris que Jamel Debbouze est arrivé sur scène, dans un nuage de fumée, sautant et courant. Mais...panne de micro!

Impossible de comprendre son «Bonsoir Montréal!» Même Rachid Badouri est revenu sur scène pour lui passer son équipement. En vain! Cela a pris deux techniciens pour retrouver du son! Quel début! Du coup, il a refait son entrée une deuxième fois!

Il a finalement commencé en improvisant pendant 20 minutes. Allant dans le public, faisant la bise à une fille du premier rang, puis racontant sa tournée dans la francophonie et aux États-Unis.

Puis, il lance: «Montréal c'est la France en mieux», avant de se moquer des québécismes, «une efface» et la «route congestionnée». «Chez nous, c'est quand on a un rhume qu'on est congestionné!»

Il est ensuite entré dans le coeur de son propos constitué de beaucoup d'improvisations et d'anecdotes de sa jeunesse, quand il improvisait justement seul devant un miroir. Ses premières années d'artiste à 17 ans. L'appui de ses parents. La création (dans un ancien cinéma porno) du Jamel Comedy Club, plus tard à Paris, avec ses «artistes en voie d'apparition: je les ai trouvés par terre!», raconte-t-il assis sur son tabouret.

Il affirme ensuite comment sa mère reverse une partie des profits de son travail à une fondation. «Une fondation qui s'occupe du bien-être de la famille Debbouze! Une fondation lucrative sans but!»

Puis long moment sur l'équipe de France de soccer multi-ethnique. Il en profite pour glisser quelques mots sur la religion, sans trop s'étendre toutefois. «Nous, notre religion, c'était le football. On jouait au foot cinq fois par jour!»

Il fait ensuite monter François, 11 ans, sur scène, et plaisante avec lui. «Qu'est ce que tu aimes faire dans la vie?» - «Lire», répond François. «Et moi qui ne sais même pas lire, dit Jamel. Incroyable ce peuple!»

Et c'est ensuite Emma, 12 ans, qui les rejoint sur la scène. Emma, de la même taille que Jamel, qui lui, se met à cabotiner avec les deux jeunes avant de prendre une photo avec eux.

Jamel en vient ensuite à parler de sa femme, Mélissa Theuriau, et de leur union hors norme. Association de deux cultures, de deux religions, de deux traditions. «Mon beau-père a demandé à mon père: "Vous avez combien d'enfants?" - "J'ai deux enfants et deux filles", a répondu mon père!»

Il raconte ensuite le mariage, fait chanter dans la salle la chanson des mariés selon la tradition musulmane au Maroc, une chanson qui se termine par des «youyous».

Mariant tendresse et humour, il exprimait, au moment de mettre en ligne, combien cette union mixte était riche d'enseignement et un exemple de la vie de tous les jours, alors qu'il y a tant de préjugés quand on ne connait pas «les autres».

«Il faut juste faire connaissance!, a dit Jamel Debbouze. Ma mère maintenant elle fait même du gratin dauphinois!»

La venue de son fils Léon, 4 ans, sur scène était un grand bonheur.

Réaction de la mère de Jamel quand lui et sa femme ont décidé d'appeler leur fils Léon: «Vous allez l'appeler Léon tous les jours?»

Un spectacle donc au coeur de l'humanité, sans déclarations fleur bleue, mais avec la touche spéciale de Jamel Debbouze faite d'un naturel parfois brusque ou même léger mais qui cache une belle profondeur.

Tout sur Jamel, mercredi soir au Capitole de Québec à 20h.