Un spectacle attendu, vous dites? Hier, le public au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts pour la grande première médiatique du troisième spectacle solo de Louis-José Houde était en feu dès le début - remercions l'irrésistible névrosé qu'est François Bellefeuille qui, loin d'éteindre l'atmosphère en première partie, n'a fait que l'alimenter et cela, en seulement 10 minutes.

Louis-José Houde s'est inspiré de Louis-Ferdinand Céline pour le titre de son spectacle, Les heures verticales, en référence à ces moments difficiles de la vie où il faut savoir se tenir debout et faire face. La vieillesse de nos parents, notre propre vieillissement, la rupture amoureuse ou simplement l'envie d'aller voir ailleurs, quand il ne faut pas oublier tous ces petits détails qui confirment qu'au fond, on aime encore l'autre moitié. «Si tu ris deux fois en achetant des rideaux, reste; ça veut dire que c'est le bon» - sage conseil du comique qui ne veut plus connaître la peine d'amour.

Éloge des baby-boomers

De toute évidence, Louis-José Houde adore encore ses parents, même s'ils sont séparés, même s'ils font de très mauvaises blagues et qu'ils radotent, même s'ils ne sont plus tout à fait au top.

En fait, il les envie. Car il y a dans ce spectacle un éloge des baby-boomers qui semblent tellement plus joyeux que les râleurs de la génération Passe-Partout dont l'humoriste fait partie.

«Ça a l'air le fund'être eux autres», se dit le gars de 35 ans, qui voit avec inquiétude les signes de l'âge, mais qui décide aussi d'en voir les avantages. Le spectacle est toujours au bord de la nostalgie, qui est une autre des caractéristiques de sa génération, peut-être trop sensible au temps qui passe.

Il est inutile de reprendre ici l'une ou l'autre des six millions de blagues formulées par Louis-José Houde pendant les 90 minutes de son spectacle, car il y manquera toujours, sur papier, la touche inimitable de l'humoriste.

Aucune méchanceté, aucune prise de position, rien de laborieux dans ses textes, que ce sens de l'observation des petites choses en apparence insignifiantes, mais qui en disent beaucoup. Venant d'un autre, ça pourrait être ennuyeux, mais cet humoriste a le don de mettre le doigt sur le ridicule en minuscule pour nous faire rire en grand.

Une formule qui marche

Il n'y a pas vraiment de surprise dans ce troisième spectacle où Louis-José Houde évolue dans son carré de sable dont il maîtrise les moindres grains, de façon maniaque. Pourquoi changer une formule qui marche?

Et sans jamais nous faire la morale, sans jamais tomber dans le larmoyant, il réussit à nous donner le goût d'apprécier mieux nos parents, nos proches, notre chum ou notre blonde, bref, notre vie qui passe tellement vite - c'est une obsession, il y revient sans cesse.

Tout, justement, est dans les détails, et Houde est manifestement le maître du détail. Et on se dit, comme lui lorsqu'il voit ceux qui savent se tenir debout en toutes circonstances, que ce doit être «le fun» d'être Louis-José Houde, qui vient peut-être seulement nous dire qu'il a trouvé le truc pour bien vieillir.