Les Zapartistes parlent d'une année en «montagnes russes», d'espoirs en déceptions, mais qui a surtout vu germer un nouveau souffle militant lors du «printemps érable».

Le groupe d'humoristes, qui ne cache pas son appartenance de gauche et indépendantiste, assure avoir voulu tirer sur toutes sortes de cibles dans sa revue de l'année sur scène ZAP 2012, qui s'est enclenchée samedi dernier et se poursuivra au moins jusqu'à la fin janvier.

Mais l'action se déroulera principalement dans le «bunker» du chef libéral et premier ministre Jean Charest, là où les libéraux ont dû «réajuster leur stratégie» à maintes reprises face à la grogne étudiante et populaire.

Rencontrés dans leur propre «bunker» à Montréal, les membres Christian Vanasse, François Patenaude, Jean-François Nadeau et Nadine Vincent ont laissé entendre mardi qu'un «rire victorieux» se manifeste davantage cette année, avec un cynisme qui a perdu quelques plumes.

«Pour les »vieux« d'un groupe militant comme les Zapartistes, ça faisait du bien, lance le nouveau venu Jean-François Nadeau à l'endroit de ses comparses. C'était bien de voir tous ces gens dans la rue, de croire qu'une certaine gauche était enfin efficace.

«Nous étions là pour fêter, pour galvaniser les troupes. On a souvent dit que les Zapartistes étaient là pour prêcher. Mais c'est la dernière chose qu'on veut faire.»

Ayant eux-mêmes pris part à bon nombre de manifestations au printemps, ils ont dit avoir été inspirés par l'«émotivité» et la «créativité» du mouvement.

«Oui, nous avons été actifs, et sollicités aussi par les organisations étudiantes, dont les plus »radicales«, avec grand plaisir, lance Christian Vanasse en riant. C'est une bonne chose. Cela nous a aiguillés, du fait qu'il y avait beaucoup de créativité.»

«Et un renouvellement du discours, qui était bienvenu», ajoute Nadine Vincent, une «travailleuse de l'ombre» au sein des Zapartistes depuis les débuts. Outre MM. Vanasse, Patenaude et Nadeau, les comédiens et auteurs Brigitte Poupart et Vincent Bolduc sont du groupe pour ZAP 2012.

Les vétérans de la formation ont fait valoir une vague militante au Québec cette année encore plus forte qu'à la naissance des Zapartistes au début des années 2000, au moment de l'essor des manifestations altermondialistes.

Mais, prévient François Patenaude, «si le néolibéralisme est mort, nous sommes gouvernés par des zombies, parce que (ses tenants) sont encore très présents, et font encore des dommages».

Toutefois, «il y a quelque chose en chemin», ajoute-t-il.

«Ce qui est bien cette année, c'est qu'il y a quelque chose de jubilatoire. Les années précédentes, nous critiquions les gouvernements en place, mais cette fois il y a en plus des victoires du côté de la gauche. Cela faisait des années que nous avions vu la lumière, que nous affirmions ces choses-là. Mais là plus de gens ont compris, et même Jean-François (Nadeau) a vu la lumière des Zapartistes», lance-t-il à la blague à son plus jeune comparse.

Les départs, ceux à répétition des maires dans la foulée des allégations de corruption, et celui du premier ministre Jean Charest, sont bien sûr au coeur de leur spectacle, mais les humoristes regardent aussi dans leur «boule de cristal», croyant que les aveux ne font que commencer à la Commission Charbonneau.

«La juge France Charbonneau est la personnalité de l'année», soutient Nadine Vincent.

«Et on ne la remerciera jamais assez, ajoute Christian Vanasse. Son oeuvre n'est pas finie. C'est telle une grande série télé, avec un «punch» pour ouvrir sur la deuxième saison.»

Il sera aussi question des «reculs» du gouvernement de Pauline Marois et du billet «gagnant à vie», sur lequel André Boisclair a dû gratter le «nul si découvert».

Oeuvrant depuis maintenant plus de dix ans dans l'optique d'un rire qui «est une si jolie façon de montrer les dents», les Zapartistes invitent de nouveau les gens à venir «canaliser leur colère» et célébrer avec eux la fin d'une année riche en émotions.