À ce détail près que le spectacle se termine sur une interminable ovation des quelque 2200 spectateurs, qui, après avoir frissonné à L'hymne à l'amour de Piaf, en redemandent, cette première de Véronic DiCaire à l'Olympia est tout à fait ordinaire. Entendez par là que, sauf erreur, on ne voit pas la brochette habituelle de vedettes et de people aux premiers rangs de l'orchestre, comme cela se pratique souvent pour lancer une série de spectacles et faire parler dans les médias.

Mardi soir, on avait affaire au vrai public - des couples dans la trentaine, des collègues venus en bande et qui se racontent à la sortie: «Je me suis régalé du début à la fin!»

On n'avait donc pas misé sur les célébrités. Et dans les vastes coulisses du music-hall, qui accueillent parfois 300 amis et admirateurs, on trouvait une petite foule plutôt modeste, presque silencieuse, dans l'attente de la vedette. Dans le lot, un homme de belle prestance, grisonnant, qui a l'air d'attendre son tour comme tout le monde. De plus près, on constate qu'il a avec lui un garde du corps, pas colossal, mais du genre nerveux quand on se rapproche de son patron. C'est nul autre qu'Alain Delon.

Delon a craqué

Serait-il un fan de Véronic DiCaire? «Je ne suis pas un amateur, répond-il sur le ton théâtral qui est souvent le sien, je suis un passionné. Elle est extraordinaire. Dites-le chez vous: cette fille est géniale!» Deux minutes plus tard, il a disparu en direction des loges.

C'est au tour de la vedette de la soirée de faire son apparition: «Si l'on m'avait dit qu'un jour Alain Delon se déplacerait pour venir me voir dans ma loge après le spectacle, je ne l'aurais jamais cru! confie Véronic DiCaire à La Presse. Je n'en reviens toujours pas qu'il ait une telle admiration pour mon talent. Dans ma carrière française, en tout cas, il y a un avant et un après Alain Delon.»

À la mi-octobre 2010, l'imitatrice donne un aperçu de son talent dans une émission spéciale animée par Michel Drucker, en présence de Bernadette Chirac et d'Alain Delon. Celui-ci a l'air intrigué par son imitation de Vanessa Paradis, épaté par celle de Patricia Kaas, puis ému aux larmes par la réincarnation d'Édith Piaf. La scène fait le tour de la Toile, où on la trouve aujourd'hui encore.

C'est l'un des tournants dans la carrière française de Véronic. Produite par la puissante maison Angélil -condition nécessaire mais pas suffisante au succès-, elle a débarqué à Paris en février 2010 et donné une cinquantaine de spectacles dans le petit théâtre de la Gaîté-Montparnasse. Avec un succès grandissant -notamment auprès ces médias et de la télé- qui lui permet de faire des spectacles en province, de se produire à la télévision, de réserver la Cigale (1000 places) en octobre, puis l'Olympia pour deux soirs en janvier 2011.

L'hommage spectaculaire d'Alain Delon donne un grand coup d'accélérateur. Elle joue à guichets fermés à la Cigale, puis à l'Olympia en janvier. Elle devient jurée au printemps dans 13 épisodes de l'émission X Factor. On ajoute deux nouvelles soirées à l'Olympia en juin.

«Jamais on n'aurait pensé que ça irait aussi vite, explique-t-elle: depuis sept ou huit mois, en province, en Suisse et en Belgique, je ne fais pratiquement plus que des Zénith, c'est-à-dire des salles de plus de 2000 places.»

Rémon Boulerice, gérant et mari de toujours, tient les comptes avec précision: «Véronic aura donné 193 spectacles depuis le 3 février 2010, et attiré environ 200 000 spectateurs. On aurait pu faire encore plus, mais Véronic ne peut pas donner plus de quatre spectacles par semaine pour ménager sa voix... (Elle a le même spécialiste de la voix que Céline Dion, le Dr Jean Abitbol, à Paris, NDLR.) Et maintenant, à partir de janvier, on arrête tout pour préparer son show américain...»

Palmarès de supervedette

La maison DiCaire, sans conteste, fait dans le professionnalisme le plus pointilleux. En France, la mise en scène (sobre et efficace) du spectacle a été confiée à Josée Fortier, qui vient de signer également la scénographie de Florence Foresti, l'humoriste féminine la plus populaire de l'heure.

Sur un stock virtuel de «80 voix», Véronic en a gardé 54 pour le spectacle français: des vedettes québécoises peu ou pas connues en France ont été éliminées; en revanche, Olivia Ruiz, Mylène Farmer et quelques autres ont fait leur apparition.

Les vedettes américaines sont les mêmes: «Les spectateurs français apprécient les mêmes chanteuses que les Québécois.» Et en effet, à l'Olympia l'autre soir, la salle a réagi au quart de tour à l'apparition des Madonna, Britney Spears et Lady Gaga, et a explosé au final avec Whitney Houston.

Au passage, Véronic DiCaire aura, en conclusion d'une tournée de plus de deux ans et demi en France, réalisé un exploit qui impressionne tous les professionnels du showbiz: avoir aligné huit spectacles à l'Olympia entre le 27 novembre et le 8 décembre.

Aussitôt après, Nolwenn Leroy, l'une des chanteuses les plus populaires de l'heure, se limite à trois spectacles, Chimène Badi à quatre. D'autres chanteurs connus à un ou deux soirs. Si l'on ajoute les 4 spectacles de janvier et de juin, Véronic DiCaire aura fait 12 fois l'Olympia en 2012.

Un palmarès de supervedette, en somme, pour un coup d'essai.

Véronic DiCaire en bref

> Avril 2010

Débuts en France au théâtre de la Gaîté-Montparnasse (400 places) où elle donne 50 spectacles.

> Septembre 2010

Michel Drucker l'invite à son talk-show en compagnie de Bernadette Chirac et Alain Delon. Celui-ci a les larmes aux yeux lorsque Véronic chante L'hymne à l'amour. «Il y a l'avant et l'après Alain Delon», dit l'imitatrice.

> Janvier 2011

Elle connaît ses deux premiers triomphes à l'Olympia (2220 places), où elle revient en juin pour deux supplémentaires. Avec les 8 spectacles de cette fin 2012, Véronic Dicaire aura fait 12 fois l'Olympia en 2 ans.

> En moins de trois ans...

... elle aura donné 193 spectacles en France, en Belgique et en Suisse. Et attiré environ 200 000 spectateurs. Pour la version française de son spectacle, elle imite, selon les soirs, de 53 à 56 voix.

Les critiques françaises



> L'Express


«Véronic Dicaire, 35 printemps, est un juke-box à elle toute seule, avec une voix qui lui permet d'imiter celles des plus grandes. Seule sur la scène, l'imitatrice passe avec une facilité déconcertante des voix les plus graves aux plus aigües. Fermez les yeux et c'est Dalida ou Piaf qui semblent là devant vous en train de chanter. Les deux chansons finales sont ainsi à couper le souffle: après avoir été acclamée par le public, Véronic DiCaire revient en Piaf, à vous donner des frissons...»

> Le Figaro

«Tout le monde se lève pour Véronic DiCaire! De retour à l'Olympia pour la quatrième fois (sic), cette artiste de choc de 35 ans imite à la perfection Patricia Kaas, Madonna, Édith Piaf... la liste est longue... Elfe blond perché sur des talons, son talent n'a d'égal que sa beauté et sa joie de vivre.»

> Le Parisien

«Elle a une énergie et une puissance vocale impressionnantes. Elle réussit Céline Dion, Anne Roumanoff, Lara Fabian et plein d'autres à la perfection, nous apprend à imiter Vanessa Paradis, danse comme Lady Gaga, joue du piano comme Alicia Keys, sonne comme Olivia Ruiz. Bouleverse en Dalida et en Piaf...»

> La Montagne

«Une femme aux cent visages, comment l'appelle-t-on? Véronic DiCaire, purement et simplement... À se tordre de rire en Christine Aguilera et à pleurer d'extase devant la réincarnation d'Édith Piaf, l'imitatrice québécoise a livré un show ébouriffant sans la moindre fausse note...»

> Le Nouvel Observateur

«Elle est belle, elle est canadienne et elle a un talent fou. Vous n'avez pas pu passer à côté de la révélation de ces dernières années. La voix ou plutôt les voix qu'elle possède en font une imitatrice ou, mieux, une sublimatrice, hors pair. Après avoir rassemblé plus de cinq millions de téléspectateurs sur France 2 samedi soir avec l'émission consacrée à Céline Dion, son amie et compatriote, aux côtés de Michel Drucker, la talentueuse Véronic DiCaire a posé ses valises à l'Olympia, à Paris, du 27 novembre au 8 décembre.

«Le premier show de la série a eu lieu mardi soir. Ce fut plus qu'une réussite, un succès, une ovation que dis-je - une pluie d'acclamations. Une femme, plus de 50 voix: pourquoi se ruiner à aller toutes les voir en concert alors qu'elles sont réincarnées, là, en elle? Courez-y!»

Photo: fournie par l'artiste

L'imitatrice ontarienne Véronic DiCaire triomphe à l'Olympia de Paris, une salle de 2200 places, où elle donne en cette fin d'année pas moins de huit spectacles qui couronnent deux ans et demi de tournée en France.