Certains l'ignorent, mais l'humoriste François Léveillée est aussi un chanteur à textes. Il a sorti deux vinyles en 1979 et en 1983 au Québec. Pour ses 60 ans et ses 40 ans de carrière, il lance Le deuxième rôle de ta vie, un disque d'amour, d'espoir, de convictions et un peu d'humour.

Après la sortie de son deuxième disque, en 1983, François Léveillée a pris un grand virage. Il a quitté Québec pour Montréal et, profitant du fait que les Lundis Juste pour rire venaient d'être créés, il est devenu humoriste. Mais il n'a jamais abandonné l'écriture de chansons. Ceux qui le suivent depuis 30 ans sur les scènes de l'humour le savent: sa guitare n'est jamais bien loin.

«Je pense que les chansons à textes reviennent, dit-il. L'an dernier, j'ai fait un show avec des mordus de Brassens, dont je suis. Il y avait Loco Locass et Paul Piché. On a constaté le retour de l'esprit des boîtes à chansons des années 60, de façon remodelée. Je trouve ça sain.»

Sain comme son principe de vie: être le même avec les siens et sur la scène. «Je produis mes albums, car je pense qu'il y a une dimension humaine importante là-dedans. J'ai été capable de jumeler ma vie familiale et ma carrière. Ça fait 38 ans que je vis avec la même personne. Je connais mes enfants, qui travaillent avec moi. On est une cellule serrée.»

Ce sens de la famille, on le retrouve dans ce disque qui comprend 11 chansons. Dans Arthur, il rend hommage à son père, mort à l'âge de 50 ans d'une crise cardiaque. Il n'avait que 3 ans. «Ma mère s'est retrouvée avec 10 enfants sur les bras, mais on n'a jamais manqué de rien», dit-il, rendant aussi hommage aux parents québécois qui se sont sacrifiés dans les années 60 ou 70 pour que leurs enfants fassent des études.

Le deuxième rôle de ta vie aborde l'importance d'aller au bout de ses rêves. «Dans ma famille, tout le monde s'inquiétait de mon avenir; pourtant j'ai toujours suivi ma petite étoile et fait mon bout de chemin.»

Avec Hommage à Brassens et Le bal, il célèbre ses idoles, le grand Georges et le grand Félix. «On a tout à apprendre aujourd'hui de Brassens. Quelle beauté de la langue française! Brassens était comme Yvon Deschamps, le même homme sur scène et dans la vie, véhiculant les mêmes valeurs. Comme Félix.»

Avec J'ai jamais composé, François Léveillée a écrit une belle chanson d'amour pour sa Marie. Et il a ajouté dans l'album deux chansons humoristiques, Isabelle, une sorte de Tanguy qui a du mal à prendre son envol. Et C'est pas facile de s'appeler Dieu, où Dieu mène une vie de débauche, se saoulant même avec Bacchus!

Pour ce disque, François Léveillée s'est entouré du guitariste Nicolas Guimond et d'Alexandre Blais (basse, contrebasse et percussions). «Ça a rajeuni beaucoup mon style», dit-il.

Après son livre Le village des valeurs perdues, sorti en 2002, il en prépare un autre pour l'an prochain. Un livre qui pourrait s'intituler Cent fois sur le métier et dans lequel il livrera ses réflexions sur l'évolution du milieu de l'humour.

Il prépare aussi un spectacle d'humour pour 2015, mais auparavant, en février prochain, il partira en tournée dans les petites salles avec ce troisième disque. Et continuera de donner de son temps pour des causes, comme celle de la Société canadienne du cancer ou du Grand chemin.

Occupé, bien dans sa peau, rempli d'espoir, François Léveillée est un heureux lucide. «Je ne suis pas un nostalgique, dit-il. J'ai les moyens que j'ai, j'ai le talent que j'ai et j'essaie de l'appliquer au quotidien. Je suis réaliste, inquiet parfois, mais il n'y a rien de pire que la nostalgie pour faire vieillir. J'essaie de suivre le jeu.»

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Le deuxième rôle de ta vie. François Léveillée. Disques Orage.