Après la première partie du spectacle de Boucar Diouf en 2010 et riche de ses apparitions au Zoofest en 2011, Dorothy Rhau lance sa carrière vendredi au Petit Medley, avec son premier one-woman-show, Recto verso, un reflet de son âme partagée entre modernité et tradition.

«Si on a la peau noire, c'est pour foncer et défoncer les portes», lâche Dorothy Rhau en entrevue à La Presse. L'humoriste née au Québec il y a 38 ans de parents haïtiens est déterminée à percer en humour. Il y a un an, elle a quitté le poste en ressources humaines qu'elle occupait dans une société pharmaceutique pour se consacrer pleinement à sa passion: faire rire.

«C'est la meilleure décision de ma vie, dit-elle. C'est un bonheur quotidien de faire ce qu'on aime. Aller chercher le petit à l'école et passer sa journée à travailler...»

Le show qu'elle a écrit (avec son agente Stéphanie Kitembo pour la script-édition) est un spectacle où on la découvre sous ses deux angles: le moderne et le traditionnel, soit le sien et celui de Mémère Radote, son personnage inspiré de la grand-mère de son ex-conjoint.

«Ce sont deux manières de voir les choses et un clin d'oeil à tout ce que ma mère, mes grands-mères et mes tantes m'ont radoté», dit Dorothy Rhau qui dit adorer sa Mémère, une femme autoritaire et attachante qui lui a appris le créole.

Dans Recto verso, elle parle des tabous dans la communauté noire, des traditions, des valeurs et de l'actualité. Elle aime faire réfléchir les gens. «J'ai envie qu'à 75 ans, des étudiants prennent mes textes et les analysent. Je me vois dans le répertoire classique, comme Yvon Deschamps ou Clémence, quand le texte avait vraiment une valeur. Mon style c'est funny-ghetto-classy girl with a sexy touch!» Et elle éclate d'un grand rire communicatif.

Reconnaissant jouer avec la séduction, Dorothy Rhau parlera aussi de l'élection de Pauline Marois. «Il faut le faire, dit-elle. Je suis québécoise. Je suis contente qu'une femme soit première ministre, mais j'espère que je verrai un jour l'élection d'un premier ministre noir. Et que ça devienne normal.»

Dorothy Rhau était ravie d'avoir participé au film Démasquées... les beautés, de Marie Plourde, sur le maquillage féminin et la beauté d'une femme noire. Depuis, René Richard Cyr l'a intégrée dans Créer, la nouvelle série d'entrevues de fond avec des personnalités créatrices diffusée dès cet automne sur ARTV. Et l'hiver prochain, le site internet d'un magazine québécois diffusera un reportage sur son travail.

«Je vois mon métier comme en finances: il faut avoir un portefeuille diversifié. L'humour est ma carrière principale, mais j'aime beaucoup l'écriture, alors c'est sûr que j'ai des rêves d'écrire pour des téléséries. Et j'ai aussi envie de montrer l'autre visage qu'on ne voit pas.»

Ravie de présenter son premier one-woman-show, Dorothy Rhau pense déjà à l'après: une tournée en Haïti puis un show en créole destiné à la communauté haïtienne du Québec. «C'est fascinant de voir une femme noire parler et oser dire les vraies choses, dit-elle. Parler de tabous et de sexualité. Pour que les choses évoluent, mais aussi pour communiquer, dire la vérité et aller au-delà des superstitions.»

Recto verso, de Dorothy Rhau, au Petit Medley le 14 septembre, à 20h.