Sombre et impressionnant, souvent très beau grâce au décor en animation et aux effets spéciaux, parfois émouvant quand la technologie se fait oublier, le spectacle pour la famille Dragons, Live et spectaculaire présenté au Centre Bell en met plein la vue et les oreilles.

C'est une histoire de guerre, mais une histoire pas bête du tout, un récit d'apprentissage qui raconte comment un jeune Viking met fin à la guerre séculaire entre son village et les dragons.

On nous a promis 23 dragons dont six bêtes géantes robotisées qui s'envolent et crachent du feu. On nous a parlé des ailes d'une envergure atteignant 46 pieds, de l'expressivité étonnante de Krokmou, le dragon apprivoisé.

Alors forcément, aux premières minutes du spectacle produit par DreamWorks Animation, les adultes songent un peu trop à l'aspect technique au détriment de l'intrigue et des émotions. À mesure que l'action prend place et qu'on s'habitue à voir bouger les marionnettes géantes, qui sont effectivement très belles, colorées et aussi réalistes que peuvent l'être ces bêtes fabuleuses, celles-ci s'animent et deviennent des personnages à part entière. Les marionnettistes qui les contrôlent à distance jouent véritablement avec les acteurs, qui sont aussi acrobates, danseurs, et même champions d'arts martiaux dans certains cas.

On finit par y croire.

Les enfants les plus jeunes, s'ils ne connaissent pas le dessin animé How To Train Your Dragon dont le spectacle est inspiré, auront peut-être du mal à suivre l'histoire au tout début. Beaucoup d'information nous est livrée en accéléré alors que le regard est sollicité par le décor et les effets spéciaux.

Harold, le fils du chef, n'a pas le profil du vaillant guerrier. Il serait plutôt du genre sensible et créatif. Pour prouver qu'il est un véritable Viking, il capture une Furie nocturne, le plus intelligent et le plus rapide des dragons. Mais il blesse l'animal, qu'il finit par apprivoiser. Il lui fabrique même une prothèse qui permet au dragon de voler à nouveau. C'est là qu'il s'envole pour la première fois à dos de dragon. On a presque l'impression de foncer avec eux vers la mer ou d'observer les étoiles du haut des airs.

En pactisant avec l'ennemi, en refusant de tuer les dragons, Harold se dresse contre son clan. C'est la guerre, rappelons-le. Et s'il résume assez fidèlement le dessin animé paru en 2010, le spectacle semble plus sombre. Il fallait sans doute cacher un peu la mécanique pour qu'on n'y voit... que du feu.



Il reste que les petits d'âge préscolaire ne sont pas tous prêts à apprécier le spectacle. Ceux qui s'y risquent auront peut-être besoin d'être rassurés sur la fin heureuse. Par contre, des épisodes de danse et de nombreuses scènes loufoques mettant en vedette les élèves de la classe de dragons viennent alléger l'atmosphère. Le Gronk laisse échapper des rots et des gaz et fait même des ronds de fumée.

Lors des représentations en anglais, les acteurs ne se contentent pas de mimer les paroles même s'ils courent, se battent, dansent et multiplient les acrobaties. À Montréal, lors des représentations en français, ils livrent leur texte à micro fermé sur un enregistrement doublé en français. Résultat, jeudi soir, le décalage entre la bande son et le jeu des acteurs faisait perdre en intensité dramatique, même si le doublage est de qualité.

Mention spéciale à Harold (Riley Miner) qui, suspendu à un câble, grimpe, court, chute et se protège des flammes.

Comment arrive-t-on à mettre en scène la spectaculaire bataille finale, dans laquelle les Vikings affrontent la Mort rouge? Sans gâcher l'effet de surprise, sachez que le terrible dragon y apparaît de manière à suggérer son immensité, que plusieurs bêtes volent en même temps, que Krokmou et Harold tombent dans l'océan et que le jeune Viking n'en ressortira pas totalement indemne...

Le prix des billets - entre 45,50$ et 97,50$, y compris pour les enfants - peut sembler rébarbatif. Il l'est sans doute pour bien des familles, mais compte tenu de l'aspect technique, du grand nombre d'artistes que nécessite la production et de la qualité du spectacle, les amateurs du film How To Train Your Dragon en auront pour leur argent, particulièrement les 6 à 12 ans.

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Dragons, Live et spectaculaire, aujourd'hui et demain au Centre Bell.