Ça débute comme un théâtre de marionnettes. Deux paires de mains glissent et remuent sur la tranche d'un panneau vertical alors qu'est diffusée Femmes je vous aime de Julien Clerc. Puis, on découvre les deux binettes de Caroline Nallet et Christine Larivière, les Dieselles, deux comédiennes françaises qui forment un duo comique depuis sept ans.

Créé à partir de textes d'auteurs européens, Histoires de pauv' filles et drôles de dames nous les montre jouant à tour de rôle des personnages féminins ou masculins dans cinq histoires différentes, après s'être à chaque fois rapidement changées derrière le panneau ou parfois même, devant!

Dans le premier tableau, Ève se morfond au Paradis. Dieu décide de lui créer l'homme pour la distraire mais il la prévient: «L'homme aura l'air ridicule quand il sera excité!»

«Tu devras lui laisser croire que je l'ai fait en premier», ajoute Dieu à Ève car «l'homme sera fier et arrogant». Petit règlement de compte féministe en partant!

Puis, dans le deuxième tableau, elles jouent une ado malsaine de la campagne qui endort ses parents avec un somnifère pour partir au bal. Mais la gamine fait de mauvaises rencontres et les choses tournent mal. Bien joué.

Elles incarnent ensuite une jeune fille naïve amoureuse d'un Tristan, junkie menteur, voleur et manipulateur, qui s'installe chez elle et ne lui apporte que des ennuis. À la fois tragique et risible.

C'est dans l'histoire de la voyageuse croqueuse d'hommes-fruits, que les deux comédiennes, vêtues d'imperméables de couleurs, révèlent le mieux leurs talents. Elles descendent de scène pour se mêler au public et se mettent à choisir parmi les gars un homme-banane (La Presse fut choisie!), un homme-poire puis un homme-litchee, «asiatique, petit avec un gros noyau», ou un homme-cerise qui a eu le loisir de visiter... l'entre-poitrine de la comédienne.

Les Dieselles jouant sur les mots finissent par rencontrer le fruit défendu, un homme qui, malheureusement, n'aimait que les garçons! Drôle et touchant.

Enfin, une femme qui passe le cap de la cinquantaine... découvre les bouffées de chaleur et la fin de la libido. «Un frigidaire en errance!». «Pas très glamour tout ça!», disent-elles.

Avec un accent français assez prononcé, leur humour plutôt littéraire se combine bien avec ces portraits de femmes aux destins variés mais plausibles. Du théâtre qui carbure à la dérision et à l'émotion.

Zoofest étant terminé pour elles, elles quittent Montréal pour aller jouer à Chicoutimi, jeudi et vendredi, et à Roberval, samedi et dimanche.