Ah, le dangereux vertige de la scène... Diplômée de l'École nationale de l'humour en 2005, Isabelle Gauthier présentait, ce vendredi soir à la Balustrade du Monument-National, son spectacle Prête, pas prête, j'y vais, dans le cadre du festival Zoofest. Une performance sympathique, tout au plus.

Isabelle Gauthier a beaucoup de talents. Elle a du succès sur le net, participant à l'aventure réussie de la websérie Plein mon cass. Elle est sûrement appréciée comme enseignante: elle sait écrire et a une facilité à communiquer. Mais le spectacle ne convainc pas. Il n'est pas vraiment mauvais mais on s'y ennuie.

Il commence, sans elle, par une vidéo fictive qui la met en scène dans différentes scènes de sa vie se déroulant dans les années 1980, 1990 et 2000, notamment quand elle passe son permis de conduire ou suit ses cours à l'École nationale de l'humour.

Rien de vraiment drôle mais soulignons l'effort de création.

Puis, Isabelle entre en scène et se présente, prévenant qu'il y aura «des bouttes crunchy ce soir mesdemoiselles». On les cherche encore...

On passe ensuite en revue ses photos de jeunesse, quand on l'appelait Mafalda à l'école. Elle évoque ses origines, au Lac Saint-Jean, égrène ses défauts, son impatience, ce qui l'énerve soit: les onomatopées, le bruit d'une tondeuse et même le jazz!

Défoulement d'une chialeuse, dit-elle, avant de donner en rafale quelques exemples de ce qu'elle aime.

Puis, on poursuit dans l'anecdotique. Les vieux apparts du Plateau, les 32 jours qu'un humain passe dans sa vie à se brosser les dents et «une minute à écouter une humoriste qui n'a pas de punch». Je dirais un peu plus...

Son voyage dans les années 90 vaut le déplacement pour une unique étape: quand elle débite la pub de la double arche dorée à la vitesse grand V. Comme l'original. Bien su. Bien dit.

Elle lance ensuite quelques lignes pour lesquelles on sourit. « J'comprends pas les femmes qui ont une moustache. Y'a des produits de beauté, non ? Quoi, tu te prépares pour les séries?»

Ou bien: «Un enfant, faut que tu le checkes tout le temps pour qu'on te le prenne pas. C'est une sacoche qui n'ouvre pas!»

Et le spectacle finit par une ode à son homme. Sincère et bien écrite. Le meilleur moment du show.

Qu'est-ce qui manque à Isabelle Gauthier?  Un rythme ? Un ton ? Une façon d'être sur scène? Un texte plus dense pour soutenir une gestuelle ? Peut-être un peu de tout ça.

Quoi qu'il en soit, elle a un don de conteuse indéniable. Le soir, au coin du feu, ça doit sûrement marcher. Mais sur scène, ce vendredi soir, avec ce spectacle, il manquait le feu. Dommage.