Les oreilles de Jean Charest mais aussi des banquiers et des présidents de pétrolières ont dû siffler, ce lundi soir. Présenté au Théâtre St-Denis, le spectacle de la Coalition des humoristes indignés organisé en soutien aux étudiants québécois en grève a tapé très fort sur le premier ministre libéral et sur le néolibéralisme en général.

La salle montréalaise était bondée: beaucoup d'étudiants mais une majorité de spectateurs qui ont dû finir leurs études il y a belle lurette.

Animé de main de maître par un François Bellefeuille en pleine forme et inspiré, le show a débuté par une vidéo de «Super Mario Br'Hausse» où les méchants (Michelle Courchesne, Line Beauchamp, Jean Charest et Jacques Villeneuve) se faisaient éliminer, comme dans les jeux vidéos. Carrément.

Puis, François Massicotte a évoqué «l'arrogance» de Jean Charest: «On dirait qu'il va vomir quand il dit le mot étudiant». Avant d'affirmer qu'on a inventé une casserole pour Mme Courchesne: «la poêle T-folle»

L'humoriste Geneviève Gagnon est ensuite arrivée sur scène déguisée en policière lesbienne énervée qui poivre à tout va! Une interprétation qui faisait penser à la policière matricule 728 du SPVM qui a suscité la controverse en poivrant abondamment des citoyens.

Segment réussi du show, Emmanuel Bilodeau, parfait dans le rôle de «Tonino Tomato, ministre du Trafic d'influence», a fait ensuite un discours qui tirait sur tout ce qui bouge à la droite du centre et sur tous «ceux qui font un Québec beige dans un Canada brun». Ovation debout du public.

Puis, Daniel Lemire a fait rire en disant que les policiers n'ont pas compris comment utiliser le système métrique, soit «la différence entre maîtriser quelqu'un et lui varger dessus». Claudine Mercier a ensuite fait sa petite fille pour passer des messages contre les gaz de schiste et Jean Charest. «Il est pour le développement durable, c'est pour ça que le conflit étudiant, il dure, il dure...»

Quand même, Guy Nantel, avec son carré vert sur la chemise, a essayé de jouer à l'avocat du diable, critiquant ceux qui disent que Charest est un dictateur. «Corrompu, magouilleur, crosseur, oui! Mais pas dictateur! Dictateur c'est dans d'autres pays, comme Castro, Kadhafi ou Harper!»

Après l'entracte, Guillaume Wagner a fait remarquer que «grâce au conflit étudiant, les Blancs savent maintenant comment se sentent les Noirs à l'année longue». Allusion au profilage racial souvent décrié à Montréal.

Après Mario Jean déguisé en mascotte, Laurent Paquin a chanté Ces gens qui nous fourrent, varlopant les banques, les pétrolières, et une autre chanson écrite sur André Pratte, l'éditorialiste en chef de La Presse, coupable de proximité idéologique avec le premier ministre québécois. Les paroles étaient salées.

Maxim Martin a dit être fier de la mobilisation des étudiants, puis a ajouté: «Comment veux-tu changer la province quand la moitié de la population du Québec s'intéresse aux fausses boules d'Occupation double

Puis, Mike Ward a affirmé qu'il «faut se débarrasser de Charest» et que «ça nous prend des mormons ou des gérants de Dollarama pour avoir l'école gratis pendant 1000 ans!»

Martin Petit a pris le relais pour inviter les jeunes Québécois à aller voter et à parler plus souvent d'argent. Quand il a demandé au public que les riches applaudissent, personne n'a applaudi!

Le spectacle a permis de récolter 25 000$ pour la clinique juridique Juripop qui aide les associations étudiantes dans le cadre de la contestation de la loi 78, une législation qui a été huée en fin de soirée alors que Paul Piché arrivait avec sa guitare.

Le duo Paul Piché-Yann Perreau a finalement repris avec le public les paroles célèbres de la chanson Un musicien parmi tant d'autres: «Où est allé tout ce monde, qui avait quelque chose à raconter, on a mis quelqu'un au monde, on devrait peut-être l'écouter.»

Un bon show organisé par Daniel Thibeault. Engagé oui. Drôle oui. Et qui n'a épargné personne chez les détracteurs des étudiants en grève. Surtout pas le premier ministre Jean Charest, très «fêté» en ce lundi soir...