Patrick Huard n'était pas remonté sur scène depuis 11 ans. On s'était donc plutôt habitué à ses performances d'acteur, souvent exceptionnelles, comme dans Starbuck où il crevait l'écran de naturel et de sensibilité.

Le retour de Patrick Huard l'humoriste, hier soir au Théâtre St-Denis, a été en demi-teinte par rapport à sa carrure cinématographique. Pas le même souffle. Pas la même force d'incarnation.

Il a fallu attendre la dernière demi-heure du spectacle et son rôle de Rogatien pour retrouver le comédien capable de tout jouer, avec brio.

Car de bonheur on n'a guère trouvé avant cette ultime partie du show. On s'attendait à un texte songé qui nous ferait part des réflexions d'un papa de 43 ans sur le sens de la vie tout en nous assurant allégresse, bien-être, voire volupté. Que nenni!

André Maurois disait que le bonheur est une fleur qu'il ne faut pas cueillir. Effectivement, pour le titre, Huard aurait pu s'abstenir.

Commencer un spectacle en parlant de pénis donnait le ton. Les blagues qui ont suivi avaient un goût de déjà entendu.

Le banlieusard et son gazon; les gens qui roulent «comme des caves»; la blague sur le pont Champlain; notre dépendance aux téléphones mobiles, les chantiers de construction, etc.

Son numéro sur l'ado (qui rappe en français) ne valait pas ceux de Réal Béland. Ses moqueries sur les pauvres («vous en faites pas, il n'y en a pas ici ce soir»), les musulmans, les juifs, les «tapettes», «les grosses boules», les Noirs, les féministes, Pauline Marois (sur son embonpoint), sentaient le réchauffé et manquaient de finesse. Sa vulgarité n'avait jamais le punch d'un Mike Ward.

L'accouchement de sa femme était toutefois bien raconté, images réelles à l'appui.

Un spectacle donc mi-figue, mi-raisin, sans réelle innovation. En somme, décevant. Pas facile de revenir sur scène après 11 ans. Mais la Terre a tourné depuis. Et Huard aussi.

On a envie de dire: vivement un prochain film qu'on retrouve Patrick Huard... avec bonheur.

Le bonheur, de Patrick Huard Jusqu'au 31 mars au Théâtre St-Denis