Douze ans après son premier triomphe, l'humoriste revient cinq soirs à l'Olympia, au milieu d'une tournée infernale de 150 spectacles par année. Notre collaborateur à Paris l'a rencontré.

Dehors, il fait moins quatre degrés, un froid polaire à l'échelle française, et les rues sont désertes. Sauf devant l'Olympia, où des centaines de personnes piétinent pour aller voir le Coming out d'Anthony Kavanagh. Celui-ci joue une fois de plus à guichets fermés: cinq spectacles de mercredi à dimanche, 9000 spectateurs payants, un Olympia rempli jusqu'au dernier strapontin. Et cela alors que le dernier passage à Paris de notre humoriste tout-terrain ne date que de janvier 2011: il terminait alors une série triomphale de deux mois et demi à 800 spectateurs à Bobino, l'«autre» salle de music-hall mythique de la capitale.

«On a beau dire que ce n'est plus tout à fait le vieil Olympia de la famille Coquatrix depuis son rachat par Universal, explique dans sa loge un Anthony de 42 ans pétant de forme avec dix kilos en moins. Il reste quelque chose de cette magie, et si vous jouez cinq soirs de suite, toutes les télés vous invitent.»

Kavanagh a connu l'ancienne maison, qui vivait alors ses derniers mois: «Quand je suis arrivé à Paris, à 30 ans, le 1er octobre 1998, j'ai fait le rêve insensé d'arriver à l'Olympia en 12 mois. Et le miracle s'est produit, après six mois de succès au Trévise, un petit théâtre de 300 places. Jean-Michel Boris, le patron de l'Olympia, s'était déplacé pour venir me voir. Depuis, j'ai fait toutes les salles, le Gymnase, le Zénith, le Grand Rex, etc., mais, 12 ans après, cela me fait quelque chose de revenir ici.»

Un public conquis

Et quand il revient, c'est bien sûr en terrain conquis, devant un public voué à sa cause. Les spectateurs - de tous âges et de tous milieux - ont vu ses spectacles précédents, ou même ce Coming out dans une version plus ancienne. Il y avait déjà ce dispositif scénique, à la fois simple, luxueux et polyvalent, le parfait réglage de la musique, des éclairages et des enchaînements.

«C'est le même spectacle, explique le show-man, mais au fil des représentations, on a continuellement apporté des petits changements. Mon fils de deux ans, qui est l'être le plus extraordinaire, tient une place de plus en plus importante. Et puis, après 12 années en France, j'ai commencé à me sentir chez moi, et plus seulement en visite. Je me permets désormais des blagues que je ne me serais pas autorisé auparavant. Sur Sarkozy, sur le racisme, etc. Même si, bien sûr, la politique n'est pas du tout mon domaine naturel.»

Dès le Trévise, en 1999, Kavanagh ne se gênait pas pour attaquer gaillardement les spectateurs français et les Français tout court. Avec beaucoup d'à-propos et de succès. Un succès qui, hier soir, ne se démentait évidemment pas.

Anthony est en France une star que tout le monde connaît et qu'on trouve naturellement sympathique: «Quand je vais à Londres avec ma femme, justement pour être incognito, je me fais interpeller dans la rue. C'est vrai qu'il y a tellement de Français à Londres! D'ailleurs, l'un de mes projets, c'est de faire la tournée des expat' français, à Dublin, Londres, New York, Miami, etc.»

En attendant, il fait dans les prochains mois «le tour de la francophonie»: un stade de 3500 places à la Réunion, des salles de 1400 à la Martinique et de la Guadeloupe, la Tunisie, le Maroc...

L'humoriste, comme il se doit, est dans la vie extrêmement sérieux. Et un gros travailleur. «Je donne environ 150 spectacles dans l'année, ce qui veut dire que je passe ma vie dans mes valises. C'est comme ça: en France, il y a trois vedettes qui n'ont qu'à mettre leur nom sur l'affiche pour remplir les salles. Derrière, il y a le «top ten», et ceux-là doivent se battre. Pour remplir les salles, il faut faire des télés importantes. Et pour être invité à la télé, il faut être en tournée.»