On savait qu'ils avaient changé et mûri, mais à ce point! Les Denis Drolet se sont véritablement métamorphosés. Leur troisième spectacle, Comme du monde, présenté mercredi soir au Gesù, a montré l'immense talent de Sébastien Dubé et de Vincent Léonard, deux artistes devenus de fantastiques comédiens.

On est tellement habitués au Québec aux monologues d'humoristes, aux anecdotes racontées les unes après les autres, qu'il est réellement rafraîchissant et gratifiant de voir un tel duo d'humoristes créer sur scène une vraie ambiance de théâtre ubuesque.

Avec leurs cravates et leurs running shoes rouges et vertes fluo, les Denis Drolet ont réussi leur pari. D'abord, leur univers d'absurdités qui a longtemps rendu bien des gens mal à l'aise s'est transformé en un surréalisme bien construit, abouti, moins déroutant et surtout signifiant.

Car avec Comme du monde, on comprend les délires des Denis Drolet. Et on les vit avec eux. Quand on comprend, on entre évidemment plus facilement dans leur cercle de folie.

Non seulement les histoires qu'ils nous racontent dans ce spectacle (le père manquant, les fables de Perrault et de La Fontaine, Disneyland ou les Rois mages) nous réfèrent au réel mais leur drôlerie s'y mêle à merveille.

Ils chantent, ils jouent et se font des farces, s'amusent avec Just-to Buy-My-Love, se moquent gentiment de Luc Senay, Julie Payette, Pierre Lapointe ou Marcel Leboeuf, ou nous font «des à-croire». En tout temps dans ce spectacle ils nous sont familiers comme ils ne l'ont jamais été.

«Et la fin du spectacle est un atterrissage plein de finesse», a dit Gilbert Rozon en sortant de la salle.

Après leur performance, on ne peut s'empêcher de penser à la contribution du comédien Pierre-François Legendre. On sent tellement son travail de mise en scène et de direction d'acteurs dans Comme du monde qu'on ne peut attribuer ce succès au seul mérite des deux bibittes brunes qui ont, ceci dit, franchi avec ce show une énorme marche. Un gros bravo.