Le gouvernement Charest en prend pour son rhume dans une vidéo publiée sur YouTube qui met en vedette trois humoristes n'ayant pas l'habitude de donner dans la dentelle, soit Guy Nantel, Jean-François Mercier et Mike Ward.

«Toute ressemblance avec la réalité est le fruit du hasard. La réalité est encore plus ridicule que ce sketch», prévient-on dans les premières secondes de la vidéo, qui a été mise en ligne lundi sur le compte de Guy Nantel.

Apparaissent alors le «premier ministre» Guy Nantel, qui arbore un macaron de la Ligne nationale d'improvisation sur son veston, et Jean-François Mercier, qui incarne un ministre de la Justice complètement dépassé par les tergiversations de son chef. Les pseudo politiciens simulent une conférence de presse pendant les six minutes que dure ce sketch imaginé par Guy Nantel, bien connu pour ses coups de gueule politiques.

Mike Ward complète le trio en tant que juge à qui le premier ministre Nantel confie la tâche de présider la commission d'enquête sur la collusion et la corruption dans l'industrie de la construction.

«M. Ward a des petits problèmes aux niveaux auditif et visuel, mais c'est un commissaire «taillé sur mesure» pour le mandat qu'on souhaite lui donner», justifie-t-il, faisant référence à l'expression qu'a employée Jean Charest pour décrire la mécanique particulière de la commission Charbonneau mercredi dernier.

C'est une intervention de l'hypnotiseur Messmer qui amène le ministre de la Justice Mercier - complètement furieux de voir son leader changer aussi brusquement de décision quant aux modalités de la commission d'enquête - à adopter le discours du premier ministre.

Rappelons que le véritable ministre de la Justice du Québec, Jean-Marc Fournier, avait défendu le modus operandi de la commission Charbonneau quelques heures à peine avant que son chef ne fasse volte-face sur cette question lors du congrès du Parti libéral du Québec, vendredi soir.

«Regardez-moi, regardez-moi. Au compte de trois, vous allez trouver que c'est une excellente idée. Un, vous dormez. Deux, vous vous préparez à défendre n'importe quelle position de votre chef. Et maintenant trois, vous êtes un vendu», lance Messmer.

Tout en soulignant que lui et ses deux comparses ne sont que des humoristes, l'idéateur de la vidéo, Guy Nantel, espère que celle-ci parviendra à retenir l'attention des Québécois peu captivés par la chose politique.

«On ne prétend pas qu'on va changer la société, mais on souhaite quand même brasser des idées et arriver à intéresser des gens qui ne suivent pas la politique, mais qui s'intéressent aux humoristes. Ils peuvent être sensibilisés par une vidéo comme celle-là», dit M. Nantel.

L'humoriste reconnaît d'emblée que ce simulacre de conférence de presse prend une tournure assez vulgaire dans la dernière minute.

«C'est évident qu'il y a des bouts là-dedans qui sont un peu rock 'n' roll, a laissé tomber l'humoriste. Mais moi, ce que je trouve le plus vulgaire, c'est la vraie conférence de presse.»

Et la vulgarité, plaide l'humoriste, constitue un bon véhicule pour faire passer des messages de façon efficace.

«Je ne comprends pas ce que le public a tant à reprocher à la vulgarité en humour. La vulgarité, c'est un véhicule qui, parfois, fait que des idées passent un peu plus vite et un peu plus fort».

La vidéo, qui a été tournée dimanche, se termine avec un message plus sérieux.

«Mettons fin à l'intimidation, la corruption et au monopole dans le milieu de la construction au Québec», plaide-t-on.

Près de 13 000 personnes avaient visionné la vidéo intitulée Commission d'enquête Nantel-Mercier-Ward mardi, aux environs de 18h.