Sorti de l'École nationale de l'humour en 1994 et n'étant pas encore parvenu à percer au Québec, l'humoriste Martin Félip a livré, samedi soir au Gesù, une performance respectable avec son spectacle À la conquête du monde.

Le défi était immense pour Martin Félip. Après des années d'essais infructueux, cet artiste de 38 ans devait convaincre qu'il avait un réel talent et qu'il existait un public pour son style de raconteur d'histoires à la langue bien pendue. Sur ce dernier point, il a gagné son pari. Remplie de supporteurs, la salle lui a réservé une ovation à la fin du spectacle, même si tout n'était pas au point.

Plutôt à l'aise sur scène (malgré sa tendance à regarder le télésouffleur), Martin Félip a amorcé son spectacle en parlant de la quarantaine qui le guette, même s'il n'en a pas l'air avec son allure de ti-cul du quartier Centre-Sud.

«Pas facile d'avoir 40 ans dans un corps de 22 et une barbe de 12», a-t-il dit.

Est-ce par manque d'assurance ou bien de routine, mais son élocution laissait à désirer au début du spectacle. Plus le show a progressé, plus elle s'est améliorée.

En première partie, ses blagues sur les sports olympiques étaient drôles. Son imitation d'un joueur de curling est excellente. Le numéro sur les parents qui se rendent compte que leur enfant est laid était méchant, mais on a ri. Celui sur le suicide était plus faible et celui sur les «bébés morts», sans intérêt.

«Les salons funéraires, c'est comme les cinémas Guzzo: il y a plein de salles et, si le mort n'est pas intéressant, tu changes de salle!», a-t-il lancé.

Du potentiel

La deuxième partie était plus captivante et mieux maîtrisée. Le gag sur la mémoire vive des perruches et des chats était bien trouvé. L'humoriste a parlé des ouragans et a critiqué Jean Charest et Stephen Harper. Pas original.

Évoquant Barack Obama, il a dit qu'il aurait préféré Hillary Clinton à la Maison-Blanche: «J'aurais voulu qu'elle se venge de son mari et qu'elle se fasse manger la n.... dans le Bureau ovale ! « On n'était pas dans la dentelle.

Le numéro sur les élections était bien fait, notamment quand l'humoriste a mimé un électeur du Bloc Pot qui va voter complètement gelé. Enfin, avec sa blague sur la Fondation Rêves d'aînés, Martin Félip est allé à la limite du déplacé, mais cela a plu à l'assistance.

Mimant l'acte sexuel avec une personne âgée de 72 ans, il a lancé: «À cet âge-là, tu lui fais pas l'amour, t'y fais attention» et autres grivoiseries qui ont bien fait rire une vieille dame assise derrière nous, mais pas son conjoint...

Aidé à la script-édition par Frank Grenier et Pierre-Bruno Rivard, Martin Félip a du potentiel. Avec un langage moins grossier que celui de Mike Ward ou de Peter MacLeod, son produit final manque toutefois de finition et de consistance.

Il y a encore beaucoup à faire pour passer d'une performance respectable à un vrai succès de scène. Mais c'est possible.