Rachid Badouri était allé présenter un premier spectacle à Bobino en septembre dernier. Première étape franchie avec brio. Son retour au Théâtre Trévise, du 6 janvier au 2 avril, a conquis la critique parisienne.

Télérama a souligné son talent de «showman». L'Express a écrit: «Cet humoriste monté sur piles raconte l'intégration de sa famille marocaine au Québec avec l'accent de Céline Dion, la tchatche de Jamel et les grimaces d'Eddie Murphy. Révélation de l'humour? Absolument.»

«J'ai beaucoup aimé son show, dit la journaliste Catherine Balle, jointe hier au quotidien Le Parisien. C'était très drôle et super différent de ce qu'on voit ici. Un show très complet, très visuel, avec de la danse. Le public était très enthousiaste.»

Le journaliste François Julien, du magazine VSD, a été enchanté. «Je l'ai trouvé épatant, dit-il au téléphone. Il a une souplesse incroyable: j'avais intitulé mon article «Le môme caoutchouc»! Il est très drôle et a un public de tous âges et de toutes origines. Le bouche à oreille a fonctionné très vite.»

Rencontré dans un restaurant de Laval, lundi, Rachid Badouri explique qu'il a effectivement «senti le bouche à oreille». «Je me faisais discret à la sortie du Trévise et je voyais les gens qui demandaient aux spectateurs s'ils avaient aimé ça et qui couraient ensuite acheter plusieurs billets. C'était dingue!»

Tellement dingue que Rachid regrette de ne pas être resté plus longtemps. Son choix de se produire trois mois plutôt que six au Trévise avait été fait pour des raisons familiales. Et comme à Paris, il y a 450 représentations culturelles par soir, autant dire qu'on ne peut pas prolonger un spectacle facilement.

«C'est dommage parce que le dernier mois et demi, c'était quelque chose, dit-il. Après la dernière, on a eu un beau sentiment de mission accomplie.»

Pourtant, les premiers jours, ça ne marchait pas comme il voulait. Il était nerveux et parlait trop vite. «Il a fallu que je m'adapte. J'ai pris des silences comme font les Français. Souvent on n'aime pas leur humour et, pourtant, c'est payant, les silences. Dimanche dernier, Laurent Paquin et Guy Jodoin aux Olivier, à la fin, le silence de quatre secondes, c'était très bien fait.»

Rachid a beaucoup aimé le public multiethnique parisien, notamment maghrébin, qui réagissait à peu près comme au Québec. «Mais les blagues sur mon père ont encore mieux marché qu'ici. Il va être une star avant moi en France!»

Il a adoré vivre à Paris. Il s'y est fait deux amis: les humoristes Sami, Le comte de Bouderbala, et Yacine Belattar. On devrait les voir cet été dans le show des Maudits français.

Rachid reviendra à Paris dans une salle plus grande. Il sera au théâtre Le Temple du 13 septembre à la mi-décembre, puis deux semaines au Bataclan avant de revenir en février, mars et avril 2012.

En attendant, il participera cet été au gala des Français du Festival Juste pour rire, animé par Arthur, spectacle repris à Paris en septembre. «Sinon, je suis en écriture pour mon deuxième one man show et j'attends les dates de tournage d'un film de Daniel Cohen, avec Jean Reno et Michaël Young, pour lequel j'ai auditionné en France.»

Le film Comme un chef est une comédie qui se déroule dans le milieu de la gastronomie française. Rachid aurait un petit rôle de chef anglais de cuisine nucléaire. Il n'est pas sûr d'y participer, car il a des spectacles en même temps que le tournage.

Après L'appât

L'échec du film L'appât, dans lequel il jouait pourtant bien, n'a pas refroidi ses ardeurs pour le cinéma. Lundi, une équipe de la télé marocaine 2 M était à Laval pour lui. La chaîne a produit il y a cinq ans le film Le toubib, dans lequel il jouait.

«Ce qui est génial avec la France, c'est qu'elle t'ouvre la francophonie mondiale, dit-il. Grâce à elle, tu peux aller au Liban, en Tunisie, au Maroc, en Suisse. Où tu veux!»

Cet été, il va aussi travailler sur son projet d'une nouvelle émission de télé qui fera suite à Peut contenir des Rachid. «Ça va s'en tenir à ce que j'aime faire le plus, des personnages, et montrer à quel point il n'y a pas un gars qui crie plus au secours que moi pour faire du cinéma! Ce n'est pas pour rien si mon show s'appelle Arrête ton cinéma! Le cinéma est une passion.»

Rachid veut mener en parallèle les carrières d'humoriste et d'acteur de cinéma. «Au début, j'utilisais la scène pour le cinéma, mais quand j'en ai parlé à Louis-José Houde, il m'a dit que la scène, c'est comme l'héroïne, si tu en prends, ça reste en toi. Et c'est vrai. Même les plus grands, les Bing Crosby ou Jerry Seinfeld, reviennent tous à la scène. C'est comme me demander de choisir entre mon père et ma mère. C'est impossible.»