C'est l'histoire d'un gars parti en voyage pendant six ans. De retour chez lui, tous ses chums se rassemblent, tellement heureux de le retrouver. Et lui a tant à raconter...

Cette histoire est un peu celle de l'humoriste Maxim Martin, parti plus de cinq ans se réfugier dans l'anonymat pour réparer ce qui n'allait pas dans sa tête et dans son corps. Tout va bien !, son troisième one man show présenté en première à Montréal mercredi soir, est le résultat de cette introspection personnelle et un pari sur sa volonté de rebondir. Pari gagné.

Mis en scène par Louis Champagne, le show de Maxim Martin témoigne de cette nouvelle maturité qui lui va si bien. À 41 ans, ce père responsable qui a dit non à l'alcool et aux drogues, revient sur scène avec une belle énergie et des textes riches et denses.

Du début du spectacle, alors que « son » public l'a longuement ovationné, jusqu'aux traditionnels remerciements, on a vu un Maxim Martin bien dans sa peau, mangeant un peu ses premiers mots - normal après une carence de scène de 60 mois - mais surtout maîtrisant bien son sujet.

Et quel sujet ! Les errances de l'espèce humaine de Adam et Ève jusqu'aux gaz de schistes. Sur une scène décorée sobrement où un écran diffuse des vidéos reliés aux thèmes, Maxim Martin décline le sujet pendant 1h50 dans un savant mélange de réflexions sur le sens de la vie et de plaisanteries sur nos obsessions, nos traditions et notre capacité à détruire ce qu'on construit avec peine.

L'humoriste sorti de l'École nationale de l'humour en 1990 démarre avec un couple de personnes obèses sortant d'un Wal Mart. « Des millions d'années d'évolution pour ça ? Je ne crois pas que c'est ça que Dieu voulait! On n'est pas loin d'avoir une troisième patte qui nous pousse entre les deux jambes pour supporter notre poids! »

Le ton était donné. Autodérision sur nos travers, de la Préhistoire à aujourd'hui, avec un mordant sans réserve. Tant pis pour les susceptibilités. « Pourquoi les épais se reproduisent plus vite que le monde intelligent ? C'est pourtant pas Lady Gaga qui va sauver la planète...»

La planète considérée avec désinvolture par l'homme et sa fiancée depuis des siècles (« On est le camping Ste-Madeleine de la galaxie! »), voilà un thème que Maxim Martin aborde en long en large et en travers dans ce show intitulé à dessein Tout va bien !

Avec les controverses sur le viaduc du Souvenir, l'échangeur Turcot et le pont Champlain, les spécialistes québécois de la construction en prennent pour leur rhume. Racontant avoir contemplé avec émotion dans le sud de la France, un viaduc romain datant de plus de 2000 ans qui n'avait pas perdu une pierre, il lance : « Avant d'essayer de cloner un mammouth, on pourrait pas cloner un ingénieur romain ?! »

La malbouffe, notre dépendance vis-à-vis d'internet, de la consommation, de la télé, de la pub, la sexualité débridée chez les jeunes et les moins jeunes, les méfaits des religions et des croyances, tout y passe. Et Maxim Martin, très bon conteur quand il distille de la substance, émerveille avec tant de lucidité. On est loin de l'humour absurde, gras ou infantile.

Les textes travaillés avec finesse avec Guy Bernier, Simon Cohen, Adib Alkhalidey, Pierre-Bruno Rivard et Michel Sigouin ne sont pas moralistes ou lourds mais nous mettent sous le nez nos contradictions les plus...humaines.  

Depuis 22 ans qu'il est dans ce métier, Maxim Martin n'a rien perdu de son talent. La sobriété qu'il a embrassée depuis deux ans et sa détermination lui permettent d'atteindre un niveau de qualité qu'il doit en grande partie à lui-même.

Quand on pense que le spectacle et l'artiste ne pourront, comme le bon vin, que se bonifier avec le temps, on a plein de raisons de croire au franc succès de son retour parmi les grands. Quant à l'avenir de la Terre, c'est une autre histoire...

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Tout va bien!

Maxim Martin

1h50 avec entracte

Le 15 mai à Laval

Le 17 mai à Québec

En supplémentaire le 11 février 2012 à Montréal