Tant qu'à intituler son spectacle Les Confessions (clin d'oeil à l'autre Rousseau, Jean-Jacques), autant avouer ses péchés à genoux. «Je m'accuse, déclare notre Stéphane Rousseau... d'avoir joué dans Astérix aux Jeux olympiques...»

Une allusion bienvenue à cette superproduction de 2008 particulièrement démolie par la critique, mais qui attira 7,5 millions de spectateurs rien qu'en France. Pour l'humoriste québécois, qui a entamé le 26 octobre une série de 52 représentations au prestigieux théâtre Le Palace (1000 places), c'était une manière de faire un pied de nez aux critiques: eh oui! le film n'était peut-être pas un chef-d'oeuvre, mais il l'a rendu célèbre en France.

Quand on y ajoute Fatal, grosse comédie pour adolescents de Michael Youn sortie au mois de juin dernier, qui a frôlé 1,2 million d'entrées, on doit en conclure que Stéphane Rousseau est devenu une vedette grand public à part entière en France. Et qu'il fait désormais partie du portait de famille dans le rôle du beau garçon.

Cela fait un moment que la célébrité absolue le menace. Après le rouleau compresseur d'Astérix, en février 2008, on y était presque. Et si la tournée de 2007 et 2008 n'a pas atteint les 300 000 spectateurs comme le soutiennent ses producteurs, il était déjà l'un des rares humoristes québécois à obtenir un véritable succès populaire. Mais, comme me l'a dit hier soir son producteur, Gérard Louvin, président de Juste pour rire France: «Stéphane avait plus de facilité à remplir les salles en province qu'à Paris.»

Consécration parisienne

On a l'impression que cette année sera celle de la consécration parisienne définitive. La diffusion en série, au cours des derniers mois, des émissions Juste pour rire, qu'il anime avec son copain le célèbre Franck Dubosc, y est pour quelque chose.

Hier soir, une semaine après le début des spectacles de rodage, Le Palace était pour ainsi dire complet, avec 950 spectateurs. Mieux que bien pour un mardi soir. «D'ailleurs, il n'y a aucun problème de ce côté-là, jurait Gérard Louvin: nous avons vendu 70 % des places jusqu'à la mi-janvier.» Même s'il faut faire la part de l'enthousiasme du producteur, cela veut dire que la location marche très bien.

Ce démarrage en fanfare s'est fait pour l'instant sans le soutien d'une promotion géante. Stéphane Rousseau, qui avait déjà entamé sa tournée en province ou en Belgique, est bien passé un samedi soir à l'important talk-show de Laurent Ruquier, On n'est pas couché. Mais les principaux téléjournaux où il apparaîtra ne sont programmés que vers la fin de cette semaine.

En fait, il semble avoir atteint le point où, même à Paris, il lui suffit de se produire dans un théâtre et de le faire savoir pour attirer les foules, dont un nombre important de jeunes filles qui lui réservent des ovations hystériques, comme à une vedette rock. Avec une certaine légèreté, Rousseau surfe sur ce personnage de sexe-symbole qu'il s'est fabriqué.

Une jolie maturité

L'air juvénile mais tout de même âgé de 44 ans, l'humoriste, pour ce cinquième spectacle tout neuf, semble avoir atteint une jolie maturité. La mise en scène qu'il a signée s'appuie sur des dessins animés qui défilent en fond de scène, des images et des jeux de lumière. Le thème de la confession lui permet d'enfiler les sujets sans s'appesantir, de la mort de son père à la naissance de son fils en passant par des vacances dans des camps naturistes. En 1 h 45, l'affaire est joyeusement emballée. Et les spectateurs - dont la plupart sont déjà des habitués - en redemandent; Rousseau leur refait le numéro du macho hispanique. Ovationné. Et puis c'est vraiment la fin: pour beaucoup de spectateurs, tout ça se termine beaucoup trop tôt.