C'est dans sa cuisine - représentée par un frigo et un bout de comptoir -, lieu par excellence de la vie de famille, que Philippe Laprise nous a accueillis mercredi soir pour nous présenter son premier one man show, Je peux maintenant mourir, sobrement mis en scène par Dominic Anctil, qui s'est beaucoup attardé à son jeu.

À l'entrée du Gesù, une photo de l'humoriste placée sur une petite table ronde entourée de deux couronnes de fleurs et d'un «livre d'or» donnait le ton. On a voulu créer une ambiance de salon funéraire pour faire un lien avec le titre du spectacle, sachant fort bien qu'il s'agissait plutôt d'une célébration de la vie.

Mais ne nous attardons pas à ces considérations promotionnelles, finalement assez secondaires.

Pour ses débuts montréalais, le gaillard de 34 ans originaire de Jonquière était prêt. Et c'est avec beaucoup d'aisance qu'il nous a parlé de sa famille, de long en large pourrais-je ajouter, de l'accouchement de sa femme; de ses sorties de famille au zoo ou dans un centre équestre; des mauvais coups de ses enfants, etc.

À la fois très expressif, avec ses yeux ronds comme des boules de loto, et assez imposant par son poids, Philippe Laprise est d'un naturel sympathique. Arpentant la scène avec énergie, Je peux maintenant mourir tient plus d'une rencontre avec l'humoriste qu'à un show où pleuvent les punch lines.

Ponctuant ses textes de fréquents «Ça va tout le monde?», - qui devraient être interdits dans les shows d'humour -, Philippe Laprise a vite séduit son public, qui a chauffé la salle, quand même gagnée d'avance par la présence de nombreux collègues humoristes et amis.

C'est ainsi que nous faisons connaissance avec ce «gros garçon», qui ne rate pas une seule occasion de nous parler de son poids et son double menton. Heureusement, il y a plus.

Après avoir partagé ses tranches de vie familiale, Philippe Laprise nous parle de son travail comme éducateur spécialisé, notamment auprès de déficients intellectuels. Il faut l'entendre raconter le karaoké du groupe des trisomiques.

C'est à mon sens, un des segments les plus réussis de ce spectacle. Parce qu'il parvient habilement à se moquer des travers de ces personnes handicapées, sans les prendre en pitié, mais en leur témoignant toujours beaucoup d'affection. L'histoire de son amitié avec Serge, un homme de 52 qui termine chacune de ses phrases par un gloussement de rire, était à la fois drôle et touchante. Comme son expérience de préposé où il raconte comment il a donné le bain à une pensionnaire.

Au final, Philippe Laprise fait la preuve d'un réel talent de conteur, doublé d'un langage corporel extrêmement efficace. Ses histoires, qui s'attardent parfois inutilement sur des jokes primaires (le singe du zoo qui joue avec sa bizoune...), sont aussi d'un grand humanisme.

La vie de famille est assurément un terreau fertile pour construire un spectacle d'humour. Et même plusieurs. Après un premier exercice réussi, espérons que ce Philippe Laprise récidive en appronfondissant un peu plus la psychologie familiale, pour mettre de côté les histoires de crottes de nez. On le surveille.

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Je peux maintenant mourir. En tournée partout au Québec. Tous les détails sur www.philippelaprise.com