Quelques minutes après le début de Zap 2009 lundi soir au Métropolis, on soupirait de soulagement. Après des Parlementeries apolitiques plus tôt cette année, où des vedettes s'intéressaient plus à leur nombril qu'à l'actualité, on avait enfin droit à un véritable spectacle d'humour politique. Si certains humoristes ne semblent que zyeuter les gros titres des journaux, les Zapartistes, eux, lisent tout attentivement. Ça paraît, qu'ils parlent de corruption à Montréal, du Plan Nord, du Moulin à paroles ou de l'intangible papier commercial.

Pour la septième mouture de leur désormais traditionnelle revue de l'année, les satiristes se tiennent encore loin de l'humour pour l'humour. L'actualité leur sert de point de départ. Ensuite, ils essaient de la rendre drôle. Ça fonctionne la majorité du temps, surtout grâce à la qualité des textes.

Le quatuor décortique les discours des politiciens et acteurs de l'actualité pour en exposer minutieusement les contradictions, les absurdités ou carrément la bêtise. On dirait presque du judo comique. Les Zapartistes utilisent les armes rhétoriques des politiciens pour les retourner contre eux.

Les interprétations de personnages, elles, sont inégales. Contrairement aux revues télévisées, le quatuor ne peut s'appuyer sur les talents des maquilleurs et habilleurs. Tout repose sur leur jeu. Parfois, c'est très réussi, surtout dans le cas des imitations de François Parenteau. Il est superbe dans la peau de Gérald Tremblay, Stephen Harper, Maka Kotto ou Columbo qui ne fait que «poser quelques questions» sur la Caisse de dépôt.

À défaut de trouver le ton juste, ses comparses optent pour la grosse caricature, avec des résultats mitigés. La meilleure: Michaëlle Jean (Brigitte Poupart) dans toute sa bienveillante condescendance, vêtue d'un tailleur chic pour mieux parler avec «émôôtion» au petit peuple. Le moins bon: Vincent Lacroix qui parle comme un Gilles Duceppe avec quelques décalitres de Harfang des Neiges dans le sang et un vieillard aussi énergique qu'un ado dopé au Guru.

Au moins, le casting est bien pensé. C'est François Patenaude, peut être le moins flamboyant du groupe, qui campe les deux politiciens les plus lénifiants - chose voulue et réussie - du spectacle, les ministres Bachand et Bolduc.

Zap 2009 se démarque aussi par l'originalité du traitement des sujets, comme la course à la direction de l'ADQ comiquement décrite à la façon Blue Bonnets. Bien sûr, il y a les obligatoires chansons. Mais, au moins, le groupe maison, baptisé «Tony et ses adjuvants», surprend avec le choix des pièces. On entend même l'excellente Frustré de Mononc Serge, beuglée, quoique pas assez, par un faux Pierre-Karl Péladeau. Autre mérite, les Zapartistes ne s'intéressent pas seulement aux vedettes du petit écran. On entendra une Pol Pelletier au Moulin à paroles lire un texte «important» de notre histoire, tiré de Passe-Partout. Psychotronique...

Jupon et piège de l'exhaustivité

Comme les dernières éditions, la revue des Zapartistes essaie de tout dire sur l'actualité. Le spectacle est donc long (2h45 avec l'entracte), et certains gags semblent plaqués de force, comme l'imitation peu crédible de Régis Labeaume.

Le spectacle penche beaucoup à gauche, ce qui ne surprend pas (Christian Vanasse appuyait Québec solidaire aux dernières élections). Le quatuor a d'ailleurs offert une bien gentille caricature de Françoise David, qui appelait Ron pour déplorer que le hockey, ce nouvel «opium du peuple», occultait les problèmes sociaux dans l'espace public. Cette réplique, ils auraient très bien pu la reprendre en leur propre nom. Les satiristes ont aussi ri de l'histoire d'amour entre Amir Khadir et les micros, mais sans vraiment attaquer ses positions, contrairement aux autres politiciens.

Mais on ne peut reprocher aux Zapartistes d'avoir des idées. Et on ne peut pas non plus leur reprocher de cacher ces idées. Leurs allégeances sont bien connues. Rien d'insidieux, donc. Et de toute façon, dans l'ensemble, ils s'attaquent plus à la connerie qu'à une certaine idéologie. Une ressource renouvelable. Et renouvelée.

ZAP 2009 des Zapartistes, ce soir au Métropolis, puis ailleurs en province jusqu'au 15 janvier. Disponible à la télé à la carte de Bell demain à 20h, et aussi le 1er et le 2 janvier.