Le cirque Éloize donne quatre représentations supplémentaires de Nebbia à Montréal à compter de demain. Son auteur, Daniele Finzi Pasca, revient sur la trilogie, dont Nebbia est la dernière partie, créée en collaboration avec le cirque Éloize.

Le plus québécois des Suisses italiens, Daniele Finzi Pasca, est un homme de famille, de nombreuses familles. Il a sa famille québécoise et sa famille italienne. Il a aussi ses familles théâtre, cirque et, bientôt, opéra et cinéma. Et il reste attaché à chacune d'entre elles après 25 ans de carrière.«Un cycle s'est terminé avec Nebbia et Éloize. Mais je vais épouser la cofondatrice de la troupe, Julie Hamelin, dit-il en riant. Ce sont mes amis. J'ai besoin de me sentir en famille dans le travail. C'est un thème récurrent chez moi, l'amitié.»

Promu à une grande tournée en France et en Espagne, Nebbia (brouillard en italien) parle d'amitié, de fragilité et de vieillesse, dans une histoire évocatrice au style poétique.

«Le mot poésie, je le reçois comme un compliment généreux, confie Finzi Pasca. On fait du théâtre acrobatique. Le mot cirque, aussi, est un peu étrange. Je viens d'une terre de cirque. Ça me fait penser à des odeurs et aux animaux.»

Voilà le directeur du Teatro Sunil, simple, généreux, sensible. Il a renoué avec sa troupe de Lugano pour préparer le spectacle d'ouverture du prochain festival Tchekhov de Moscou, qui célébrera l'an prochain le 150e anniversaire de naissance du célèbre dramaturge.

«Je ne suis pas un spécialiste de Tchekhov, s'exclame-t-il, mais ils m'ont choisi. Ils voulaient avoir ma vision.»

Surpris, Daniele Finzi Pasca se laisse guider par la vie. En 2006, il a mis en scène le spectacle de clôture des Jeux olympiques d'hiver de Turin et a reçu un SwissAward comme personnalité de l'année en showbiz.

«Un ami que je n'avais pas vu depuis longtemps est venu me voir pour m'avouer qu'il ne m'aurait jamais prêté 20 centimes à l'époque pour m'aider avec mon premier spectacle», dit ce clown, metteur en scène, auteur et chorégraphe.

Cet hiver, il reviendra à l'Usine C avec son spectacle solo Icaro, qu'il trimballe d'un bout à l'autre de la planète depuis 20 ans.

«Je le joue avec un spectateur, raconte-t-il. Pour moi, retourner sur scène c'est revenir les pieds sur terre. Mais, même dans les grands spectacles, je cherche la simplicité. C'est ma quête.»

Nebbia



Le tiers des interprètes de Nebbia sont nouveaux cette année. Le metteur en scène y voit une belle occasion.

«Je les adore tous. Chacun a sa clarté et sa chaleur humaine. Ce sont tous des acrobates, mais ils sont très éclectiques en même temps», dit-il.

Le geste, le corps, ses possibilités et ses limites, représentent ses outils pour viser ailleurs, loin parfois. La trilogie avec Éloize - Nomade, Rain et Nebbia - est une certaine quête d'absolu, ou du moins, une invitation à l'élévation.

«L'acrobatie nous ramène aux sources de l'humanité. Dans n'importe quelle culture dans le monde, on trouve un embryon de jeu acrobatique. Dès l'enfance, on s'y essaie. C'est une forme d'expression presque mythique entre la conscience de la réalité et notre défi de vouloir vaincre la gravité. Les acrobates sont nos émissaires pour dialoguer avec les anges.»

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Nebbia est présenté au théâtre Maisonneuve de la Place des Arts demain soir, samedi et dimanche.