C'est un des Top 10 Global Comedian, selon le Hollywood Reporter. Et il vient du quartier Côtes-des-Neiges de Montréal. Pourtant, Sugar Sammy - Sam Khullar de son vrai nom - est pratiquement inconnu dans le Québec francophone. Le polyglotte de 33 ans a récemment tourné son propre spécial HBO de stand-up, en plus d'une captation à Dubaï pour la chaîne Showtime Arabia. De retour d'une série de spectacles à Hong Kong et ailleurs en Asie, il participera demain au gala de François Morency. Il animera ensuite la série New Faces (en anglais) au Zoofest, du 21 au 23 juillet au Cabaret Juste pour rire.

Q : C'est à New Faces que ta carrière a véritablement été lancée il y a quelques années?

R : Oui. New Faces, c'est une soirée où l'industrie d'Hollywood vient ici pour découvrir de nouveaux talents. Après mon numéro en 2005, une agente de Los Angeles m'a fait signer un contrat. L'année suivante, je faisais la première partie de Dave Chappelle dans les grandes salles des États-Unis. Après, j'ai eu mon spécial télé à HBO puis à Showtime Arabia, qui a été diffusé dans 14 pays du Moyen-Orient. Depuis deux ans, je tourne à temps plein un peu partout sur la planète. J'ai récemment été en Angleterre, en Afrique du Sud, en Australie et à Hong Kong.

Q : Demain, ce sera ton premier numéro dans un gala Juste pour rire, et ton premier numéro en français depuis plus d'un an. Pourquoi avoir accepté?

R : C'est la faute de François Morency! J'hésitais au début. Il m'a envoyé un courriel disant: «Tu ne veux pas, je comprends. T'es une grosse moumoune...» Je ne pouvais plus vraiment refuser. François est un bon ami, on a vu Robin Williams ensemble. Il n'arrête jamais de consommer tous les styles d'humour pour apprendre quelque chose de nouveau. Je respecte beaucoup cela.

Q : On t'avait vu à l'été 2007 au Show raisonnable avec Rachid Badouri. Tu te moquais des communautés culturelles et encore plus des Québécois de souche. Tes origines indiennes teintent-elles beaucoup ton humour?

R : Assez, oui. Je suis né et j'ai grandi dans Côtes-des-Neiges. Je suis un enfant de la Loi 101. Mon école secondaire (Van Horne, aujourd'hui nommée Lavoie) était la plus multiethnique de toute la province. Ce n'était pas notre premier choix d'étudier en français, même si j'en suis finalement très content aujourd'hui. En grandissant, on se sentait parfois - parfois - marginalisés. Par exemple, les déclarations de Parizeau m'avaient déçu. Je parle de tout cela sur scène, c'est inévitable. Les gens n'aimeront peut-être pas, mais je suis honnête, je dis ce que je pense.

Q : Tu traites le sujet de façon très grinçante. Cherches-tu à provoquer?

R : J'ai l'impression que l'humour n'est pas drôle si personne n'est offusqué. Mais ça ne doit jamais être l'objectif de départ. Donc non, je ne cherche pas volontairement à provoquer. Ceux qui font ça ne sont jamais drôles, je pense. Disons que je n'ai tout simplement pas de censure. Ce que je pense dans ma tête sort à voix haute, sans aucun filtre.

Q : Mais on se demande souvent si tu blagues ou si tu es sérieux...

R : J'ai toujours un ton un peu sarcastique, c'est vrai. J'essaie de rester relax, comme si je bavais un vieil ami. Mon humour est beaucoup influencé par des Noirs américains. Pas vraiment Chris Rock. Plutôt Dave Chappelle ou Eddie Murphy, qui gardent un ton cool et parlent assez lentement. Delirious d'Eddy Murphy, c'est mon modèle. J'avais 8 ans quand j'ai vu la cassette pour la première fois. Depuis ce jour-là, je sais quoi faire de ma vie.