L'humour semble doté de toutes les vertus, mais il peut déraper s'il est mal dosé. Quelques confidences sur l'aspect négatif de ce trait de personnalité si désiré.

> Cathy Gauthier

Je suis spécialiste des pieds dans les plats. Je ne fais pas exprès, je passe un commentaire, j'oublie que d'autres gens peuvent être mal à l'aise. Dernièrement, j'étais assise au resto avec mon scripteur et les deux petites madames à la table à côté ont demandé à être changées de place... Une voisine m'a dit un jour: Si j'étais ta mère, je te ferais manger du savon. Et j'avais répondu: Je t'enverrais ch... avec des bulles!

> François Léveillé

Quand tu as 15 ans, tes parents s'inquiètent un peu. Quand tu es un clown, on ne te trouve pas sérieux. À l'école, j'étais le musicien, le gars qui s'occupait des activités parascolaires, les profs ne me voyaient pas d'avenir. C'était bizarre, parce que c'était à la fois valorisant et dévalorisant. J'ai encore cette perception. Très souvent, on a le syndrome de l'imposteur. Je n'anticipe pas le rejet, mais de ne pas être pris au sérieux. (Plus précisément), un jour, j'avais monté un numéro sur l'intolérance. Le personnage portait des jugements sur les autochtones, les races, les homosexuels, et à la fin on apprenait qu'il était juge. Mais à la radio, ils ont diffusé un seul segment. La communauté autochtone a porté plainte, alors que j'essayais de parler en leur faveur. L'autre danger de l'humour, c'est de tomber dans le piège de la mode, comme à l'époque de Piment fort. On avait tendance à bitcher pour bitcher. Il ne faut pas tomber dans la facilité.

> Vincent Léonard des Denis Drolet

Récemment, à la garderie, c'était la première rencontre avec les parents et les éducatrices. Il fallait se présenter. J'ai présenté mon couple en disant que ça allait vraiment mal entre nous. Personne n'a compris, gros malaise. Je n'aurais peut-être pas dû faire ça à une première rencontre et garder la blague pour moi...

> François Morency

L'humour, c'est une arme qui peut détruire, surtout à l'adolescence. S'il y a de l'acharnement, par exemple sur le physique de quelqu'un, tu peux créer un traumatisme. On ne sait pas à quel point la personne peut être fragile. Professionnellement, je dirais que le public sait si tes intentions sont malignes. Ça ne passe pas. Tu dois faire état de tes défauts et de ta propre vulnérabilité.

> Alex Perron

La ligne est bien mince entre faire rire et rire des gens. J'ai déjà ri d'un prof qu'on appelait Hitler. Entre amis, on trouvait ça drôle, mais j'ai voulu la pousser dans sa face. C'est sûr que ça ne passe pas. Tu t'excuses, mais sur le coup, ça ne donne rien... Je pense qu'on peut se permettre à peu près tout, mais juste si on a de l'autodérision face à soi. Si tu n'as pas cette ouverture-là, qui es-tu pour aller rire des autres? Ça m'horripile les humoristes qui n'ont pas cette capacité. Il faut être capable d'en prendre. Et si tu t'excuses aux deux minutes, ça veut dire que ça ne marche pas.