Cette comédie écrite par le Français Claude Magnier, et rendue célèbre grâce à l'interprétation délirante de Louis de Funès - sur scène et au cinéma -, est drôlement bien moulée pour son interprète principal, Benoît Brière. L'habile comique fait feu de tout bois, au point où on se demande bien comment il parviendra à tenir le coup quatre soirs semaine jusqu'au mois de septembre!

Il y avait tout de même un risque. Celui d'imiter Louis de Funès. Car lorsqu'on a vu la version originale d'Oscar (ou n'importe lequel de ses films), il est difficile de ne pas reproduire les mimiques et simagrées du comique français, qui ne plaît d'ailleurs pas à tout le monde Benoît Brière lui emprunte bien quelques tics, mais il parvient surtout dans la deuxième partie à composer un personnage bien à lui.

Résumer cette pièce n'est pas une mince affaire. Le scénario, tiré par les cheveux, n'en est pas moins divertissant. Christian Martin, simple employé (comptable) dans une société qui fabrique des savons, débarque chez le richissime patron de la boîte, Bertrand Barnier (Brière), pour lui demander à la fois une augmentation de salaire, un poste de direction et la main de sa fille.

Christian Martin (défendu par Gabriel Sabourin) lui apprend également qu'il a détourné une somme d'argent considérable pour maintenir le train de vie de sa bien-aimée. L'arnaqueur se dit prêt à restituer la somme d'argent, si Barnier consent à ce mariage. Entre-temps, Barnier apprend que sa fille est enceinte. Il accepte donc de conclure un marché avec Martin.

Mais tout est sujet à quiproquo dans ce vaudeville réglé au quart de tour. L'amoureuse de Martin, Jacqueline, s'est en réalité fait passer pour la fille de Barnier (elle aussi pour l'impressionner). Et la vraie fille de Barnier, Colette, fait croire à son père qu'elle est enceinte pour marier son véritable amoureux (le chauffeur Oscar) et enfin être libre.

Vous me suivez toujours? Rajoutez une bonne (Bernadette), qui démissionne pour marier un baron (que Barnier destinait à sa fille Colette), et un masseur pas très intelligent (craquant Stéphane Breton) à qui l'on promet Colette lorsque son amoureux Oscar la quitte, une mallette remplie de bijoux substituée par celle de la bonne, et le portrait est assez complet. Je ne vous révèle évidemment pas la fin, qui retourne tout à l'envers.

Tous les acteurs qui entourent Benoît Brière sont solides, même si on note quelques hésitations ici et là (c'était le soir de la première). N'empêche qu'ils alimentent bien la folie de Bertrand Barnier, à commencer par les acteurs de soutien comme Josée Deschênes, hilarante dans le rôle de Mme Barnier, Caroline Bouchard, exquise dans la peau de la bonne Bernadette, sans oublier Stéphane Breton (Québec- Montréal), qui fait un effet boeuf avec son personnage de masseur.

Pour sa première mise en scène, l'acteur Alain Zouvi, parvient à maintenir un rythme affolant (à la limite étourdissant pour le spectateur), facteur-clé dans cette comédie de près de 3h, où les gags, nombreux, sont parfois prévisibles. Le côté bédé des personnages, qui en font tous un peu trop, est réussi dans l'ensemble.

Il reste que le succès d'Oscar tient largement à la performance de Benoît Brière (comme c'était le cas avec Louis de Funès), très bien soutenu par ailleurs par ses collègues. Finalement, même si on ne se tord pas de rire (trop occupé à démêler les fils de l'intrigue?), on passe un très agréable moment. Essoufflé, mais content.

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Oscar, mise en scène d'Alain Zouvi.

Jusqu'au 5 septembre au Théâtre du Vieux-Terrebonne.

Infos : www.theatreduvieuxterrebonne.com