L'humoriste français Dieudonné estime que le Parti antisioniste, auquel il s'est associé, pourrait causer la surprise lors des élections européennes du 7 juin prochain.

«La prochaine fois que je viendrai, je serai peut-être eurodéputé, a-t-il déclaré en conférence de presse, mardi, à Montréal. C'est possible. Je pense qu'il y a des choses à faire et que l'Europe a des responsabilités, notamment dans sa relation avec le sud.»

Pourtant, il a prévu roder son nouveau spectacle Sandrine au Québec dans les jours qui suivront le scrutin, soit du 10 au 14 juin. Il sera alors au Théâtre Corona, à Montréal.

Insistant sur le sérieux de son engagement politique, Dieudonné M'bala M'bala a toutefois souligné qu'il est d'abord un artiste, profession qui occupe «99 pour cent» de son temps. «Ma vie, elle est sur scène, a-t-il insisté. Je suis un artiste de scène depuis plus de 20 ans, maintenant.»

«Je me suis dit que la seule manière, à un moment donné, de pouvoir manifester ma résistance, c'était d'aller sur le terrain de ceux qui me censurent», a-t-il fait valoir.

Le spectacle Sandrine, la suite du Divorce de Patrick, traite de la violence conjugale. Le personnage principal, Patrick, n'a jamais accepté que Sandrine le quitte et s'est enfoncé dans une spirale de haine qui l'a conduit jusqu'à un procès criminel, fil conducteur du spectacle.

Dieudonné a l'impression que celui-ci lui permet de renouveler son registre même s'il s'agit d'une suite et même s'il y aborde encore une fois un thème délicat.

«C'est vrai que les tabous, tout ce qui divise l'humanité, tout ce qui est frontières géographiques, ethniques, religieuses, pour moi est un espace de jeu, au risque parfois de susciter quelques réactions épidermiques de la part de certains, a-t-il reconnu. Si je heurte, si je blesse, j'en suis toujours profondément désolé. Mais bon, c'est ainsi. Je pense que le rire, lui, doit s'aventurer dans ces zones un peu obscures de tabous.»

«C'est souvent plus le journaliste qui se lance dans la polémique que le spectateur qui, lui, se marre, a poursuivi Dieudonné. Il a payé pour ça et repart chez lui content, en général.»

Controverses et conséquences

Depuis le début des années 2000, Dieudonné a soulevé les passions à plusieurs reprises, accusant nombre de personnalités et d'organisations de racisme et de sionisme, et orchestrant différentes mises en scènes controversées.

Condamné quelques fois pour certains de ces épisodes, il devra encore comparaître en cour en septembre, pour injures raciales, parce qu'il a remis en décembre dernier un «prix de l'infréquentabilité» à l'historien négationniste Robert Faurisson, un geste qui a été dénoncé à grands cris.

D'autre part, c'est aussi lors de son prochain séjour au Québec que sera débattue sa requête visant la rétractation d'une décision rendue à la fin du mois de février le condamnant à verser 75 000 $ au chanteur Patrick Bruel, pour avoir tenu des propos injurieux à son endroit en 2007 sur les ondes de Télé-Québec.

Dieudonné avait notamment déclaré en entrevue à l'émission Les Francs-Tireurs que Bruel soutenait activement l'armée israélienne et que celui-ci trouvait «normal» qu'on tue des enfants palestiniens.

Absent lors de l'audience, Dieudonné avait été condamné par défaut par une greffière spéciale de la Cour supérieure.

«Beaucoup de gens ont été un petit peu étonnés, offusqués par cette décision, a-t-il soutenu. Je n'étais même pas au courant que ce procès allait avoir lieu. (...) J'aimerais avoir une explication devant des juges.»

«Je suis un peu désolé d'avoir à encombrer le système judiciaire québécois avec des affaires qui me semblent extrêmement franco-françaises, a dit Dieudonné. Je remercie au passage Patrick Bruel pour la promotion qu'il m'accorde au travers de cette décision-là.»