Nantes est une ville active. Samedi soir, elle l'était tant qu'elle frôlait l'hyperactivité: l'équipe de foot recevait celle de Lille, le centre-ville était enchanté par la parade de Mi-Carême et, à la Cité des Congrès... le Québec faisait l'humour sur scène: le 4e Festival Juste pour rire Nantes a en effet été lancé par Québec, mon humour - un gala entièrement québécois animé par Gregory Charles, mis en scène par Guy Lévesque et mettant en vedette les Louis-José Houde, Laurent Paquin, Stéphane Rousseau, Martin Petit, Réal Béland, Dominic et Martin, Anthony Kavanagh et Natasha St-Pier.

En tout, trois heures et demie d'un spectacle où, pour les oreilles québécoises, les rires n'étaient pas toujours provoqués par qui et où on s'attendait à les entendre (quelques humoristes eux-mêmes ont noté ce «décalage»), mais qui a été bien reçu par le public nantais - en fait, mieux que plusieurs «galas des Français» par les Montréalais. Lesquels auraient par contre été familiers avec sa deuxième partie, du moins ceux qui ont déjà assisté à une représentation de Noir et Blanc. Mais ils étaient rarissimes dans l'assistance, ce qui a permis à Gregory Charles de prendre les spectateurs par surprise en plongeant tête baissée dans leurs demandes spéciales, avec ses musiciens dirigés par Guy St-Onge.

Et c'est par une ovation debout, sur les dernières notes de Bohemian Rapsody de Queen, que s'est terminé un gala qui laisse présager le meilleur pour la rentrée parisienne du performer au Théâtre Dejazet, où il présentera MusicMan du 29 septembre au 14 novembre. «Pour moi, animer ce gala est une manière de jauger les tendances musicales des gens d'ici», disait-il avant son passage sur scène. Quatre heures plus tard, en nage, il souriait: «Les Français, ils sont comme nous.»

Soulagement, donc. Mais pas que ça: «Je sors de cette expérience avec un respect incroyable pour les humoristes», a-t-il soufflé après avoir tâté de leur travail pendant la soirée.

Au programme, quelques habitués de l'Hexagone: Anthony Kavanagh, qui «reste en contact avec le rythme québécois de l'humour» en le consommant sur DVD; Stéphane Rousseau, qui prépare un nouveau gala avec Franck Dubosc; et Natasha St-Pier, venue s'opposer en chansons à Gregory Charles dans un numéro sur les différences hommes-femmes.

Aussi, des têtes d'affiche québécoises venues prendre le pouls des «cousins». Parmi les plus applaudis, Dominic et Martin, qui ont joué la carte de l'humour physique; et Martin Petit qui, pour casser la glace en tant que premier invité, a utilisé celle de la proximité en livrant sa version de l'histoire de Nantes et de La valse à mille temps de Brel.

Un test réciproque

Quant au verbomoteur Louis-José Houde qui le suivait, il a eu plus conscience que jamais à quel point «chaque mot, chaque respiration peut faire que le gag prenne le champ»: le simple fait d'avoir un peu ralenti le débit de livraison l'a empêché de se laisser aller. Conclusion? «Ils m'ont testé, mais je les ai testés aussi. Et ils ont ri juste assez pour que j'aie le goût de revenir.»

Laurent Paquin, lui, en était à son troisième passage à Nantes - et il y prend goût: outre son passage au gala, il testera cette semaine «ce que ça donnerait, une heure et demie de Laurent Paquin, ici», en présentant un medley de ses deux premiers spectacles.

Enfin, le public a pu goûter à un pur moment «extraterrestre», gracieuseté de Réal Béland dans la peau du président de la Fédération des stickers d'avertissements - devenu, adaptation oblige («Gros travail: j'ai changé sept mots dans le numéro»), le président de la Fédération des autocollants d'avertissements. Oui, il en a perdu certains... mais avec lui, c'est le but, non?

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Les frais de voyage pour ce reportage ont été en partie payés par Juste pour rire.