La comédie musicale Rudolf - l'Affaire Mayerling, créée à Vienne par le compositeur américain à succès Frank Wildhorn, brosse brillamment façon Broadway le destin tragique du prince héritier de la famille impériale des Habsbourg mort suicidé en 1889.

Cet opéra-rock, dont la première mondiale en allemand a eu lieu la semaine dernière dans la capitale autrichienne, met en scène un prince tourmenté, confronté aux devoirs de son rang. Refusant d'abandonner ses idéaux, Rudolf respecte les conventions à la Cour de l'empereur François-Joseph, mais s'épanouit en dehors. Il fréquente les maisons closes et écrit pour un journal libéral.

En fait, il ne trouve le réconfort qu'auprès de la baronne Mary Vetsera, avec qui il se suicidera dans son pavillon de chasse de Mayerling.

Basée sur le roman de l'Autrichien Frederic Morton La dernière valse, Rudolf, adapté par l'Américain Jack Murphy, a été jouée en hongrois à Budapest en 2006 puis au Japon en version japonaise.

Pourtant pour Wildhorn, «il n'a jamais été question que ce spectacle démarre dans un autre endroit qu'ici» à Vienne en allemand.

L'agence de production Vereinigte Bühnen Wien, à l'origine d'une autre comédie musicale à succès consacrée à Elisabeth, la mère de Rudolf, avait approché le compositeur américain suite au succès de son Jekyll & Hyde.

Rudolf, joué au théâtre Raimund, est à la hauteur d'autres grands succès tels Evita ou Les Misérables.

Composées dans la plus pure tradition des comédies musicales épiques de Broadway, les ballades So viel mehr (Tellement plus), Vertrau in uns (Aie confiance en nous) et Mut zur Tat (Le courage d'agir) en sont les morceaux de bravoure.

«Ici en Europe plus qu'aux États-Unis, on adore la mélodie, le romantisme et le drame», explique M. Wildhorn.

«C'est important d'adapter le spectacle au public», commente le metteur en scène britannique David Leveaux. «Et l'allemand est une langue magnifique pour les comédies musicales. Il y a une dureté, une immédiateté qui rendent certains types d'histoires géniales à entendre dans cette langue», s'enthousiasme-t-il.

Malgré quelques inexactitudes historiques et des longueurs selon certains critiques, Rudolf trouve néanmoins un juste équilibre entre histoire d'amour et intrigue politique.

«Notre boulot n'est pas de faire une pièce de musée, mais de révéler une vérité plus profonde», se défend Leveaux.

L'Américain Drew Sarich - à l'affiche des Misérables à Londres et ex-Jésus-Christ Superstar, qui campe Rudolf, Lisa Antoni en jeune et volontaire baronne Vetsera et Uwe Kröger dans le rôle du Comte Eduard Taaffe, Premier ministre manipulateur, sont excellents et bien soutenus par l'ensemble de la troupe internationale.

Elle est composée d'artistes d'Allemagne, du Danemark, d'Autriche et des Pays-Bas.

La chorégraphie est signée de l'Australien John O'Connell (Moulin Rouge, Roméo et Juliette).

«Je veux que le public soit debout et applaudisse jusqu'à l'extinction des lumières», avait souhaité Frank Wildhorn avant la première. Mission accomplie.