Sous les chapiteaux, il y a des repères classiques. Ainsi, les grands pays de tradition, comme la France et l'Allemagne en Europe de l'Ouest. Mais aussi et surtout, en allant vers l'est, des mastodontes comme la Russie et la Chine, qui fabriquent des virtuoses de la technique à longueur d'année.

Et puis, si l'on ose dire, cette nouvelle petite Mecque du cirque nouveau, surgie à partir de rien il y a un quart de siècle: Montréal. «C'est extraordinaire, explique Alain Pacherie, qu'un pays qui n'avait aucune tradition dans ce domaine soit devenu une référence dans le monde. C'est peut-être justement cette absence de tradition qui a donné cette liberté et cette créativité.»

 

Le 1er février dernier à la pelouse de Reuilly, Montréal était en vedette. D'abord avec un hommage appuyé au 25e anniversaire de la création du Cirque du Soleil: «Il est possible que le nouveau cirque soit né en France, avec les cirques Archaos et Plume, dit M. Pachery, mais il y a un avant et un après Cirque du soleil. Depuis, le paysage n'est plus pareil. Et, bien entendu, c'est son incroyable succès qui a fait de Montréal une plaque tournante internationale.»

Marc Lalonde, directeur général de l'École nationale de cirque de Montréal, est à peu près du même avis: «S'il n'y avait pas eu, peu avant, la création de notre école, l'apparition fulgurante du Cirque du Soleil n'aurait pas été possible. Mais c'est clair que son triomphe a eu un effet démultiplicateur.»

Si Marc Lalonde a fait le déplacement à Paris, c'est que 14 de ses jeunes diplômés faisaient un très joli numéro collectif en ouverture de la finale (on les verra également à la TOHU). Mais aussi parce que, depuis des années, nombre d'artistes formés à Montréal viennent se faire consacrer au festival à Paris.

Ce jour-là, après le dernier tomber de rideau, Marc Lalonde est venu féliciter la Française Justine Méthé-Crozat et le Québécois Philippe Renaud pour leur médaille de bronze. Mais aussi le jongleur français Florent Lestange. Tous sortis de l'école dirigée par Marc Lalonde: «Sur 140 étudiants, dit-il, près du tiers vient de l'étranger.» Et quand ils ne sortent pas de cette école, c'est tout de même à Montréal qu'ils sont venus se former. Comme l'Australienne Emma Henshall, venue au Québec se perfectionner auprès de l'entraîneur (russe) Victor Fomine. Après la Chine et la Russie, dira-t-on qu'il y a une école montréalaise du cirque?