Ça deviendra peut-être une tradition, comme la farce fourrée dans la dinde: tout notre petit monde politique, parfois risible et nul à force de maladresse et de prétention, passe au tordeur des Zapartistes, qui ne ménagent pas les grosses légumes (elles y passent toutes, comme les conglomérats médiatiques d'ailleurs). Voici donc les Zapartistes réunis à Montréal au Métropolis, du 26 au 28 décembre, pour une joyeuse volée de bois vert, une soirée de mises en boîte sous le signe de l'humour, parce que rire est une si jolie façon de montrer les dents!

Le quatuor de bateleurs, accompagné d'un quelques musiciens, propose sa revue de l'année, mois par mois; compte rendu essentiellement politique et fortement engagé, à gauche bien sûr. Mais même les écolos, les féministes, les utopistes, les Françoise David et les Amir Kadir sont soumis à l'épreuve de la moquerie. Sorte de Bye Bye insolite et insolent, le show, fait d'imitations satyriques et de commentaires caustiques, met le plus souvent en vedette nos bonzes de la politique: Harper (en gars sûr de ses affaires), Charest (en gars sûr de ses affaires itou), Dumont («l'orgueil du Bas-du-Fleuve», en jeune homme complètement dévasté mais tout de même hilare), Dion (en petit monsieur timide, maladroit mais rêvant à l'idéal: il chantera même La quête de Jacques Brel) et Marois (plus vraie que nature), tous brillamment caricaturés dans leurs moindres tics, même quand l'imitation est grossière ou boiteuse.

 

Notre merveilleux monde des médias en prend aussi pour sa grippe: la déroute de TQS, les maudites convergences, les éditorialistes, commentateurs et animateurs de nouvelles télévisées et de soirées électorales (Bernard «Eh ben» Derome, personnage récurant, et son acolyte Michel C. Auger). Ratissant très large, en mettant parfois trop, les Zapartistes ajoutent des personnages inventés: un autochtone conciliant, le citoyen moyen rendant hommage à Barack Obama (numéro bien fait, mais à notre avis superflu par son sérieux et sa «poésie spontanée du vrai monde»), un jeune féru de slam et de hip-hop qui exprime ses opinions (excellent numéro de stand-up, sketch unificateur) entre autres divagations.

Les sketchs chantés de cette soirée Zapartiste paraissent accessoires; on y reprend des airs connus (du Bob Marley, du Nanette Workman) avec de nouvelles paroles. Ce n'est pas réussi, on aurait préféré sans. Cette revue de l'année 2008 (année proprement psychotronique au Canada, politiquement parlant) mériterait d'être resserrée: trois heures, c'est long. Mais ça reste un bon spectacle, pour tous ceux qui portent leur coeur à gauche et qui n'en sont pas réduits au cynisme. Cet humour, baveux et cinglant, distille tout de même l'espoir du renouveau, et on en sort amusé et convaincu que ce monde peut changer.

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La revue de l'année des Zapartistes, du 26 au 28 décembre, au Métropolis de Montréal. Billets: (514) 844-3500 ou www.montrealmetropolis.ca