Un triomphe dans un théâtre de New York et au prestigieux Festival d'Édimbourg, ça aide, mais ce n'est pas une garantie absolue pour percer en France. Il n'empêche que Traces, le spectacle du cirque Les 7 doigts de la main, semble bien parti pour réussir son pari : une tournée de 40 dates entre le 27 novembre et la fin janvier dans des salles de 1000 places. Avec une halte majeure à Paris, du 17 au 31 décembre, à la Cigale, l'une des salles les plus branchées de la capitale.

À l'origine, un jeune producteur jusque-là spécialisé dans les musiques du monde, Alexandre Baud, patron de Quartier libre. Il a vu le spectacle à Édimbourg, à l'été de 2007, et a été emballé. Et il a donc décidé de lancer Traces en France. Mais pour lui, cela constitue le plus gros défi en cinq ans de carrière, à la fois sur le plan matériel et financier, et il s'est associé avec deux autres maisons, elles aussi spécialisées dans les musiques du monde et habituées des circuits «culturels».

 

«Mais même à trois maisons, explique-t-il , cela reste une grosse entreprise et un investissement important. C'est un événement qui se prépare de longue date. Le service de presse, la promotion et l'affichage, métro et colonnes Morris, représentent à eux seuls 35 % du budget de production.»

Une tournée qui vise un public potentiel de près de 40 000 spectateurs en deux mois, cela se prépare. Hier en début de soirée, dans un studio de photo géant du 12e arrondissement de Paris, Quartier libre et le bureau de presse Éphélide avaient organisé une séance images à l'intention de l'audiovisuel.

Un décor nu, des éclairages sommaires et une bande-son pour permettre à Héloïse Bourgeois (d'origine parisienne, mais formée à l'École nationale de cirque de Montréal) et à ses quatre partenaires masculins de donner un aperçu de cette création collective. Une cinquantaine d'invités : «Des radios, quelques journaux et des médias du web, explique Nathalie Ridard d'Éphélide. Bien sûr, les grosses chaînes de télé ne viennent pas pour ce genre de showcase : mais on les aura plus tard. Au tout début de la Cigale.»

Une opération où on ne laisse rien au hasard. On a ainsi trouvé une jolie brochette de partenaires dans les médias: l'influent hebdo culturel Télérama, une radio «jeune» à grosse audience, Skyrock, une radio musicale parisienne, FIP, la chaîne de magasins culturels la plus importante en France, la FNAC, et la station de télé de la région parisienne, France 3 Île de France. France 3 IDF a déjà diffusé un premier sujet sur Traces. Il y a des papiers dans Télérama. Un bon début.

Déclic général

Mais le déclic est plus général. Samedi soir dernier, deux artistes de Traces ont été invités au Plus grand cabaret du monde, où l'animateur Patrick Sébastien a chaudement recommandé le spectacle de la Cigale: au moins cinq millions de téléspectateurs. Le journal télévisé de France 3 «national» est déjà prévu. Quant aux deux principales chaînes TF1 et France 2 elles doivent venir le 17 décembre et si Dieu le veut diffuser un reportage le lendemain au téléjournal. Rien n'est définitivement joué mais, côté médias, Traces est en orbite dans les ligues majeures.

«Le principal défi, dit Alexandre Baud, c'est évidemment la Cigale. Dans les villes de province, on débarque dans des salles de qualité, qui ont leur public et leurs habitués: on ne risque pas de tomber sur des salles désertes. Mais, à Paris, ce n'est jamais gagné d'avance: on a déjà vu des productions auréolées de succès à l'étranger et qui se plantaient. À Paris, il y a tellement de spectacles...»

Le pari reste raisonnable: le spectacle des 7 doigts de la main déboule à Paris avec un dossier de presse impressionnant, où l'on retrouve le New York Times, des journaux de Londres ou de Dublin. Trois semaines avant la date fatidique du 17 décembre, «les billets commencent à bien se vendre à la Cigale». Et la tournée commence sur les chapeaux de roue : Traces devait donner deux représentations, les 27 et 28 à La Rochelle, au théâtre de la Coursive. On vient de rajouter une représentation supplémentaire. C'est de bon augure.