C'était au tour du Cirque du Soleil, vendredi soir, de souffler les 400 bougies de Québec. L'organisation de Guy Laliberté l'a fait à sa façon, avec un spectacle soigné, parfois longuet, souvent spectaculaire, où les liens avec la ville se sont faits en subtilité.

On aurait très bien pu le baptiser Mystère, si le titre n'était déjà détenu par une autre production du Cirque. Jusqu'à la dernière minute, on a en effet gardé le plus grand des silences autour de cette réalisation de 4,4 millions, qui n'a jamais véritablement eu de nom. La surprise était donc complète à notre arrivée au Colisée. Nous avons pu découvrir une scène circulaire, sise au beau milieu de l'enceinte, évoquant Québec avec ses petites reproductions de bâtiments connus. Autour, une plage de sable, avec des sculptures, puis une mer de monde, tout de blanc vêtu.

 

Avant que la représentation ne débute, on a procédé à l'échange de photos, comme l'avaient souhaité les organisateurs. Une idée sympathique: j'ai eu droit à un cliché de l'Assemblée nationale abritant plus d'une anecdote, puisque c'est là que René, mon voisin de siège, travaille depuis 35 ans...

Mais ce que tous attendaient fébrilement, c'était la magie du cirque. Le metteur en scène Michel Laprise aura quelque peu aiguisé notre patience. Visiblement, il voulait d'abord installer l'ambiance avec des tableaux nous faisant remonter dans le temps et nous rappelant l'arrivée des colons. De belles séquences, certes, mais un peu longuettes, tout comme l'ont été certains liens durant la soirée.

Cela dit, une fois que les numéros ont commencé à s'enchaîner, on a eu ce que l'on attendait: des vertiges, de l'éblouissement, des sensations fortes. Le numéro de rola-bola, où un acrobate tenait en équilibre sur une planche reposant sur un cylindre, était hallucinant. Et quand un deuxième acrobate s'est ajouté au premier, en équilibre au-dessus de lui, également sur sa planche, c'était carrément dément! On a aussi eu droit à un superbe ciel de 30 trapézistes (dont 26 de l'École de cirque de Québec) ainsi qu'à une finale des plus éclatantes, avec un impressionnant numéro de trampoline sur deux étages.

Plutôt que de faire référence directement à Québec, le directeur de création, Jean-François Bouchard, a opté pour de grands thèmes, où les allusions à l'eau, aux récoltes et aux saisons étaient au menu. À travers cela s'est inséré un clin d'oeil à Louis Cyr, par l'entremise de l'homme fort Hugo Girard au terme d'une séquence de bûcherons-jongleurs. De beaux dessins sur sable, relayés en projections, nous auront par ailleurs offert le visage de Champlain.

Les habitués du Cirque trouveront peut-être qu'il manque une certaine majesté à cette production, où le volet technique est souvent apparent dans la vaste enceinte. Ils reconnaîtront peut-être aussi certaines musiques, car bien que tous les numéros soient neufs ou remaniés, la piste sonore repose sur des pièces du répertoire passé.

Or, si on n'est pas sorti renversé, on ne pourra pas dire non plus qu'on a été déçu. La magie du cirque a bel et bien montré le bout de son nez.