Entre le cinéma et l'animation prochaine du Gala de l'ADISQ, Louis-José Houde poursuit sa tournée. Après avoir accompagné son Rock Tour au Saguenay en février dernier, nous avons retrouvé la bande vendredi au Centre Bell. Portrait d'une tournée qui change, mais où le plaisir reste.

«Entre, il faut que tu rendes ça public», lance Louis-José Houde d'un ton faussement dramatique à notre arrivée dans sa loge - le salon des conjointes du Centre Bell.

 

Il est 16h. Affalé dans un sofa à côté d'un bol de friandises, il parle à Pierre-Luc, directeur de tournée, de son nouveau réveille-matin. Un modèle Tonka, version géante.

«Tout l'été, ils ont scié du béton dans mon édifice du Vieux-Montréal. Ça, on m'avait prévenu quand j'ai acheté. Sauf que, trois jours après la fin des travaux, la Ville, elle, a commencé à driller ma rue. La machine est à quelques pieds de ma fenêtre. Ils arrachent l'asphalte devant mon lit, pis ils le jettent plus loin devant mon salon. Je ne peux même plus parler au téléphone. Quand je dis dans mon show que tout ce que j'achète pète, c'est vrai... Fallait que ça m'arrive à moi. Là, pendant que je prépare l'ADISQ», raconte-t-il, un brin exaspéré.

Malgré tout, il paraît en grande forme. Cela surprend. Car en plus de ce manque de sommeil accumulé, sa journée n'a pas commencé en douceur. Quelques heures plus tôt, il se trouvait au bord d'une route de Joliette, attaché à un autre gars. Un instructeur de parachute.

C'était un cadeau de sa copine, qui sautait à ses côtés. Le baptême de l'air soulignait aussi sa dernière représentation planifiée au Centre Bell, et la dernière de ses 30 ans, un thème qu'il répète souvent dans Suivre la parade (il a 31 ans aujourd'hui).

Pas vraiment la routine...

«Bien oui, c'est vrai. Ce soir, c'est la dernière représentation où j'ai vraiment 30 ans», s'étonne-t-il dans sa loge, quelques minutes après avoir joué avec la fillette de son vieil ami Israël.

Le constat ressemble à celui qu'il répète au début de chaque spectacle: «La vie change, la vie change trop vite...» Mais on l'oublie parfois, à cause de la tournée, ce joyeux microcosme ambulant où le temps avance au ralenti.

En ce vendredi, l'équipe technique - ses amis, dont quelques-uns du secondaire - monte le décor pour la 209e fois. Mais ce n'est pas exactement la routine.

Le Centre Bell ne se compare à aucune autre salle. On le constate avec lui vers 17h aux tests sonores de sa batterie.

Pendant que les murs de haut-parleurs crachent Won't Get Fooled Again, sa grosse-caisse explose jusqu'aux gradins vides qui grimpent à la verticale des deux côtés de la salle.

Dans trois heures, près de 6000 personnes s'y entasseront. «L'énergie ici est incroyable, mais je ne suis pas trop nerveux», assure-t-il 30 minutes plus tard devant le modeste buffet où poulet, truite, riz, pommes de terre et macédoine décongelée attendent. Les affiches signées de Def Leppard et Jennifer Lopez rappellent qu'il y a aussi des stars capricieuses qui mangent ici.

Comme d'habitude, Louis-José se retire dans sa loge vers 19h30 pour se brosser les dents et se préparer. L'équipe se réunit ensuite à 20h05 sur la scène, derrière le rideau. Il oublie les poignées de main rituelles.

«Peut-être que je suis un peu nerveux», dit-il. Apparaît alors Pierre-Luc à quatre pattes, avec un casque d'ourson très, très petit. Éclats de rire. La soirée peut commencer.

C'est la septième fois que nous voyons le spectacle. Rien à ajouter sur la qualité. Comme cela a été souvent dit, Suivre la parade est remarquable. Et plus interactif ce soir, grâce à quelques échanges improvisés avec la foule.

La plus improbable improvisation viendra toutefois après l'entracte. Comme d'habitude, Louis-José joue de la batterie et sa conjointe l'accompagne au djembé. Mais on assiste ensuite à un viril pastiche de Flashdance. Philippe Bond (humoriste qui assure la première partie, excellente), Alexandre Dussault et Stéphane Paquin (machinos) dansent avec l'énergie du désespoir. La chose culmine avec Pierre-Luc habillé en mime qui danse en tournant sur le dos, avec un peu d'aide de ses amis.

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Cette représentation allait différer un peu de celles de l'hiver dernier, avait annoncé Louis-José Houde une heure avant de monter sur scène.

«Après 180-190 représentations, je sentais que je récitais le texte. J'ai effacé quelques lignes, changé un tout petit peu le rythme. Le show entre maintenant dans sa phase 2.0», a-t-il expliqué pendant que ses employés et le reste de son entourage profitaient de la vaste loge.

Il répond alors au cellulaire à sa soeur, qui appelle de chez elle, au New Jersey, puis règle un problème de billets de faveur avant de reprendre l'entretien.

«D'ici quelques semaines, je vais changer la musique de préspectacle et d'entracte, et aussi mes vêtements de scène. Ça paraît niaiseux, mais ça casse la routine.»

La routine a aussi été brisée par la fatigue. Cet été, il tournait quatre jours par semaine dans le film De père en flic, dont il partage la vedette avec Michel Côté. Les trois autres jours, il présentait son spectacle à la salle André-Mathieu, à Laval. Puis, une fois le tournage terminé, il a repris la route, tout en accélérant l'écriture pour l'ADISQ.

«Pendant la tournée, en septembre, j'ai eu une petite grippe de fatigue, raconte-t-il. Je n'avais même plus l'énergie pour jouer de la batterie après l'entracte ou signer des autographes après le show.»

Deux choses qui l'ont sûrement emmerdé. Ça, et aussi d'avoir raté une certaine «soirée du siècle» à Matane, fin septembre. «Je suis resté à l'hôtel pour regarder les anciens Galas de l'ADISQ - je me les tape tous, pour me préparer. Ce soir-là, quelques gars sont allés à un petit bar presque vide. Il y avait un karaoké, du Elvis et des filles inconnues qui chantaient les backvocals. C'était inoubliable, apparemment.»

Au moins, l'effort semble récompensé. Le numéro d'ouverture de l'ADISQ s'annonce à la hauteur du précédent, à en juger par les gags testés en rappel au Centre Bell.

La vie change, et son humour aussi... un petit peu.

«Je veux me risquer avec des sujets plus durs, annonce-t-il, des sujets qui font rire, mais aussi réfléchir. Il pourrait y avoir un numéro sur le suicide assisté dans mon prochain spectacle. Ça s'inspire d'une grand-mère à moi qui en arrachait. Elle attendait la mort, elle pensait que le bon Dieu l'avait oubliée. J'aimerais réussir à faire de l'humour avec ça.»

Suivre la parade, prolongations du 4 au 7 février 2009, et en tournée ailleurs au Québec jusqu'en décembre 2009. Le Gala de l'ADISQ au Centre Bell le 2 novembre. Billets en vente pour le public.

 

LE SHOW CACHÉ

Il y a exactement un an aujourd'hui, Louis-José Houde a offert un concert inédit à ses fans au Métropolis, composé des textes laissés de côté pour Suivre la parade. Le DVD de la soirée, Le show caché, vient d'être lancé. On vous conseille de l'écouter jusqu'à la fin. Une chanson-surprise présente l'équipe de la tournée.