Le New Orleans Jazz & Heritage Festival, traditionnellement organisé le dernier week-end d'avril et le premier week-end de mai, allie gigantisme, couleur locale et esprit bon enfant, avec aux côtés de stars pop et rock toute une gamme de musiciens régionaux.

En 2006, Bob Dylan, Bruce Springsteen, Paul Simon ou encore Lionel Richie avaient tenu à honorer cet événement de leur présence, afin d'apporter leur soutien à une ville alors dévastée après le passage de l'ouragan Katrina quelques mois plus tôt.

Cette année, Arcade Fire, Sonny Rollins, Jeff Beck, Ahmad Jamal, Maze, The Neville Brothers, figurent à l'affiche d'une 42e édition qui fait toujours la part belle aux artistes locaux.

Depuis 1972, le festival plante chaque printemps son décor au Fair Grounds Race Course, le troisième plus ancien hippodrome des États-Unis, datant de 1872 et situé non loin d'Esplanade, l'une des plus somptueuses avenues de la ville, bordée de luxueuses demeures et de vénérables chênes.

Entre deux grandes scènes montées à chaque extrémité du champ de courses, le spectateur peut faire une halte à la «Blues Tent», devant la scène réservée aux musiques cajun et zydeco, typiques à la Louisiane des bayous, sous la «Jazz Tent», ou encore sous celle dévolue aux musiciens soul et hip hop.

La «Gospel Tent», exclusivement réservée à cet art vocal, où défilent de 11 h à 19 h des ensembles vocaux de Louisiane, mais aussi des États voisins (Mississipi, Alabama, Georgie, etc.), est l'un des «must» d'un festival unique au monde.

En tout, plus de deux mille musiciens y sont programmés cette année, dont 90 % environ de Louisiane, avec une page spéciale consacrée à Haïti.

Toutes sortes de publics s'y côtoient: les Néo-orléanais qui viennent souvent en groupes ou en famille avec nappes et sièges pliants, pour s'installer sous le soleil parfois brûlant, mais jamais à l'abri d'une pluie tropicale; les Américains en goguette, en provenance d'autres États de l'Union, venus s'encanailler dans The Big Easy...

Les mordus, eux, dont un certain nombre a traversé l'Atlantique pour l'occasion, s'arrachent les cheveux: le samedi 7 mai, ils devront ainsi choisir entre The Strokes, C.J. Chenier, Bobby «Blue» Bland, Aaron Neville ou Ms. Lauryn Hill, tous programmés à la même heure sur différentes scènes.

Fête de toutes les musiques actuelles, le festival est aussi un rendez-vous culinaire.

Des dizaines de stands proposent les spécialités d'une cuisine très typique, préparées par les grands chefs de la ville, dont certaines sont devenues des titres de chansons célèbres: Jambalaya, Gumbo, Red beans and rice, Crawfish Etouffe, Cochon de lait, Pralines...

Le «Jazz Fest» - ainsi nommé par les habitants de la Nouvelle-Orléans -, constitue l'un des grands événements de la ville avec le Mardi Gras. Il a attiré l'an dernier plus de 375 000 spectateurs sur sept jours, selon ses organisateurs qui ont évalué à environ 300 000 $ les retombées économiques sur la ville.

Le principal parraineur de la manifestation est Shell, compagnie pétrolière concurrente de BP, dont l'explosion d'une des plateformes pétrolières il y a un an au large du golfe du Mexique a provoqué l'une des pires marées noires de l'histoire, touchant de plein fouet la Louisiane.

Malgré son gigantisme, il parvient à conserver un esprit bon enfant, même s'il a ses détracteurs: certains habitants de la ville, jugeant le prix des billets de plus en plus élevé, organisent depuis quelques années, avant le «Jazz Fest», un festival «off» dans les rues du Vieux Carré, entièrement gratuit.